Football: Kevin Spadanuda, miraculé du football moderne

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FootballKevin Spadanuda, miraculé du football moderne

En 2016, l’Argovien de 25 ans avait arrêté de jouer en raison de problèmes de dos. Six ans plus tard, il a signé en Ligue 1, à Ajaccio, directement en provenance de Challenge League.

Valentin Schnorhk
par
Valentin Schnorhk
Kevin Spadanuda reste sur une saison pleine en Challenge League avec Aarau: il a inscrit 18 buts.

Kevin Spadanuda reste sur une saison pleine en Challenge League avec Aarau: il a inscrit 18 buts.

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Difficile de statuer sur ce qui est le plus proche entre la 4e ligue suisse et la Ligue 1 française ou entre Schinznach-Bad et Ajaccio. Et à vrai dire, pas grand monde ne devrait se poser la question. À une exception près, peut-être: Kevin Spadanuda. Il est bien le seul à pouvoir interpréter avec légitimité le problème qui est soumis ici. D’autant plus depuis qu’il s’est engagé pour trois saisons avec le club corse en fin de semaine dernière.

Cette signature interpelle. Forcément. Déjà parce qu’il est rare de voir un joueur quitter la Challenge League pour la Ligue 1, sans arrêt intermédiaire. Louis Mafouta l’avait fait l’hiver dernier, en étant prêté par Neuchâtel Xamax à Metz, mais cela n’a rien d’une habitude. Au contraire. Côté ajaccien, néo-promu en Ligue 1, ce recrutement a valeur de pari. Le genre de transfert réalisé à moindre coût, même si l’indemnité n’a pas filtré. Mais malgré les 18 buts inscrits en trente-quatre matches de championnat la saison dernière, il n’y avait pas nature à rendre l’opération trop compliquée pour une formation française.

À 19 ans, il arrête tout

Ce qui retient l’attention, c’est surtout le parcours de Spadanuda. L’Argovien a quelque chose du miraculé du football moderne. Il ne sort pas de nulle part, mais il y a trois ans, l’ailier de 25 ans n’avait jamais disputé le moindre match professionnel. Il avait certes grandi dans la structure du FC Aarau, jusqu’à jouer en M21. Mais en 2016, il laisse tomber: la faute à d’insupportables problèmes de dos. Il n’a pas vingt ans, mais sur conseil des médecins, il met fin à son rêve.

L’histoire aurait dû s’arrêter là. Pourquoi a-t-elle continué? Peut-être parce qu’il y a cru de manière un peu déraisonnable, contre l’avis des spécialistes. En allant au fitness, en trouvant un moyen de stabiliser son dos. Le football redevient une éventualité. Il ne l’a pas perdu, mais il choisit la voie de la prudence. On est à l’été 2017, et c’est du bas de l’échelle que Spadanuda repart: il prend une licence à Schinzach-Bad donc, en 4e ligue argovienne. Une demi-saison, le temps de marquer sa dizaine de buts et de comprendre qu’il y a peut-être encore un coup à jouer, tout en suivant un apprentissage de logisticien.

Progression constante

Alors, après six mois à peine, il retrouve le niveau auquel il évoluait avant: c’est à Schöftland qu’il signe, en 2e ligue interrégionale. La machine est repartie, dans un club qui avait aussi donné quelques années plus tôt sa chance à Renato Steffen. À l’époque, l’international avait alors pu se frayer un chemin vers le monde professionnel en passant par Soleure, en 1re ligue. Spadanuda, lui, est resté proche de la maison, mais au même niveau: c’est à Baden qu’il s’engage. Sa progression ne s’arrête plus. Une saison à marquer ses buts, pour finalement recevoir une proposition d’essai au printemps 2019, de la part de Sandro Bürki, le directeur sportif d’Aarau.

La machine est devenue inarrêtable. Les performances sont trop régulières (et même en amélioration constante) pour être ignorée. Nommé par la SFL parmi les meilleurs joueurs de l’année 2021 de Challenge League (aux côtés du vainqueur Roman Buess et de… Louis Mafouta), il manque la promotion de peu avec Aarau. Qu’importe, avec ses performances, il était clair que son avenir s’écrirait ailleurs. En Super League, pensait-on. Mais peut-être bien qu’Ajaccio a senti le bon coup, avant les autres. Et s’il y avait un chemin vers l’équipe de Suisse à emprunter?

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