FranceLe faux neveu de Brigitte Macron devant la justice
Il s’est à plusieurs reprises fait passer pour un proche de la Première Dame française. Pour usurpation d’identité ou escroquerie, un trentenaire est jugé depuis mardi à Paris.
Il s’était fait passer pour le neveu de Brigitte Macron, avait usurpé le nom des directeurs de cabinets de l’Élysée pour obtenir un accueil VIP ou des prestations de luxe: un homme de 35 ans comparaissait, mardi, devant le Tribunal correctionnel de Paris. Devant la 13e chambre, le prévenu a reconnu avoir créé, au printemps 2018, via l’hébergeur internet OVH, une fausse adresse mail: dircab@presidence-française.fr.
Il signait ses envois en tant que Pierre-Olivier Costa, directeur de cabinet de Brigitte Macron, ou Patrick Strzoda, directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, qui se sont constitués partie civile. Et demandait, soi-disant pour le compte du neveu de la Première Dame, des prestations spécifiques: un accueil VIP dans un hôtel de luxe au Maroc, des places pour un Grand Prix de Formule 1 à Melbourne ou encore une carte Club 2000 auprès d’Air France.
«Mythomanie»
Le prévenu comparaît jusqu’à mercredi, avec une complice, pour usurpation d’identité, tentatives d’escroquerie, escroquerie, en récidive légale puisqu’il avait été condamné pour des faits similaires en septembre 2014. Le «faux neveu» de Brigitte Macron avait expliqué aux enquêteurs que «tout cela procédait» de sa «mythomanie» et de sa «difficulté à rester dans sa vie». La plupart de ces tentatives ont échoué, à la suite de vérifications mises en œuvre par les sociétés visées.
Seuls l’ambassade de France au Bangladesh et l’hôtel hongkongais Hupper House n’ont pas débusqué la supercherie. Le prévenu a ainsi pu visiter un camp de réfugiés rohingyas, s’entretenir avec l’ambassadrice et bénéficier, quelques jours plus tard, d’un surclassement dans l’hôtel de luxe situé à Hong Kong.
«Un scénario de vie»
Face au tribunal, mardi, il a reconnu être attiré par «le statut, le prestige, les privilèges». Il réfute avoir agi «pour l’argent» ou «pour faire du tort». «Pendant mon enfance, le mensonge faisait partie du quotidien. J’ai fugué à 17 ans et j’ai commencé à m’inventer un scénario de vie pour créer une sorte de distorsion par rapport à ma vie d’avant», a-t-il précisé.
Sa complice est également jugée pour avoir utilisé les fausses adresses mail et obtenu vêtements de luxe, surclassements hôteliers ou même le prêt d’une voiture électrique Tesla censée être destinée à la Première Dame. Cette dernière tentative d’escroquerie lui a valu d’être arrêtée le 2 mai 2018.
«Ce n’était pas grave…»
Le prévenu a assuré que cette complice ‹»avait un carnet d’adresses, ce qui pouvait faciliter l’approche», mais qu’ils n’avaient «pas les mêmes appétences sur les finalités». «Je me suis toujours présentée sous ma véritable identité. Jamais je n’ai pensé que c’était une usurpation d’identité», s’est défendue la jeune femme de 29 ans. «Pour moi, c’était comme si quelqu’un se présentait en boîte de nuit en prétendant être le neveu de Brigitte Macron. Ce n’était pas grave…»
L’enquête a montré que le prévenu s’était aussi parfois présenté – à sa complice ou aux enquêteurs – comme un journaliste infiltré, utilisant ces fausses adresses pour dénoncer les «privilèges et passe-droits d’un système». Devant le tribunal, il a reconnu «une supercherie». L’audience doit se poursuivre mercredi.