Coronavirus - Une survivante de la Shoah dénonce le détournement de l’étoile jaune

Publié

CoronavirusUne survivante de la Shoah dénonce le détournement de l’étoile jaune

À l’occasion de l’anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau, Margot Friedländer a appelé à agir contre l’instrumentalisation du symbole par les opposants au vaccin.

Margot Friedländer a été déportée au camp de concentration de Theresienstadt alors qu’elle avait une vingtaine d’années.

Margot Friedländer a été déportée au camp de concentration de Theresienstadt alors qu’elle avait une vingtaine d’années.

AFP

Une survivante de la Shoah, Margot Friedländer, a appelé jeudi devant le Parlement européen, à agir pour préserver la mémoire de l’Holocauste et lutter contre son instrumentalisation, s’indignant de voir de «nouveaux ennemis de la démocratie» utiliser le symbole de l’étoile jaune.

«C’est avec une grande inquiétude que je constate que l’Holocauste, tout comme la guerre de conquête et d’extermination menée par les nazis, tombe de plus en plus dans l’oubli», a déclaré cette femme de 100 ans, à l’occasion du 77e anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau.

«Aujourd’hui, je vois comment la mémoire de ce qui s’est passé est politiquement instrumentalisée, parfois même ridiculisée et piétinée», a-t-elle dénoncé. «J’ai vu, incrédule, à cent ans, comment un symbole de notre exclusion par les nazis, l’étoile jaune, est aujourd’hui utilisé sans vergogne par les nouveaux ennemis de la démocratie, en pleine rue — et dans une démocratie!- afin de se présenter comme des victimes», a-t-elle ajouté.

Ce symbole a été détourné par certains opposants aux vaccins contre le Covid-19, lors de manifestations en Europe, notamment en France, Italie et Belgique.

L’étoile jaune, ici utilisée lors d’une manifestation à Reims en juillet 2021.

L’étoile jaune, ici utilisée lors d’une manifestation à Reims en juillet 2021.

AFP

«En un jour comme aujourd’hui, nous devons nous unir pour que la mémoire de l’Holocauste reste authentique et ne soit instrumentalisée par personne», a poursuivi cette Berlinoise, qui a été déportée au camp de concentration de Theresienstadt (aujourd’hui en République tchèque) alors qu’elle avait une vingtaine d’années, et dont la mère et le frère sont morts à Auschwitz.

«Cela ne doit jamais se reproduire», a-t-elle répété, appelant à la «vigilance». «On ne peut pas aimer tout le monde mais tout le monde a droit au respect. Il n’y a pas de sang chrétien, juif ou musulman, il n’y a que du sang humain», a ajouté la centenaire, qui témoigne régulièrement auprès des écoliers.

Ovation du Parlement

«Soyez humains», a-t-elle lancé dans un discours salué par une ovation debout des membres du Parlement européen, institution présidée entre 1979 et 1982 par Simone Veil, elle-même rescapée de la Shoah.

«Votre mission est aussi la nôtre», a répondu Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne qui a présenté en octobre sa première stratégie de «lutte contre l’antisémitisme et de soutien à la vie juive», destinée notamment à promouvoir la transmission de l’histoire de la Shoah.

«L’antisémitisme n’a pas disparu, il empoisonne toujours nos sociétés», a déclaré Mme von der Leyen. «Une proportion stupéfiante de 70% des Juifs européens ne se sentent pas en sécurité lorsqu’ils portent une kippa ou une étoile de David. Et pendant cette pandémie les Juifs ont été la cible de toutes sortes de théories du complot et de discours de haine. Mais cette fois nous ne fermerons pas les yeux», a assuré la responsable.

«L’Europe est la maison des Juifs et la défense de la démocratie européenne passe par la lutte contre l’antisémitisme», a également déclaré le président du Conseil européen, Charles Michel, lors de cette cérémonie qui s’est achevée par une minute de silence en mémoire des victimes de l’Holocauste.

(AFP)

Ton opinion