États-UnisDécès de Sandra Day O’Connor, première femme à la Cour suprême
Choisie par Ronald Reagan en 1981, la juge avait pris sa retraite en 2006. Elle a notamment sauvé l’avortement en 1989 et «validé» l’élection de George W. Bush en 2000.
L’ex-juge américaine Sandra Day O’Connor, première femme nommée à la Cour suprême des États-Unis et considérée comme une des voix de la modération au sein de la Cour, est décédée vendredi, à l’âge de 93 ans.
Choisie en 1981, par le président républicain de l’époque, Ronald Reagan, dont c’était la première nomination – à vie – à la Cour suprême, elle avait pris sa retraite en 2006, notamment pour pouvoir aider son mari John O’Connor, finalement décédé en 2009, atteint de la maladie d’Alzheimer. En 2018, Sandra Day O’Connor avait elle-même annoncé quitter la vie publique pour combattre «la démence, probablement la maladie d’Alzheimer».
Elle s’est éteinte vendredi matin à Phoenix, capitale de l’État d’Arizona (sud-ouest), a indiqué la Cour, précisant qu’elle était décédée «de complications liées à une démence avancée, probablement Alzheimer, et à une maladie respiratoire».
«Elle a ouvert une voie historique»
«Fille du Sud-Ouest américain, Sandra Day O’Connor a ouvert une voie historique en tant que première juge femme de la Cour suprême de notre pays», écrit le président de la Cour, John Roberts, saluant «son inébranlable détermination, sa compétence incontestable et sa franchise désarmante».
«À la Cour suprême nous pleurons une collègue aimée, une avocate farouchement indépendante de l’état de droit et une éloquente militante des droits civiques», ajoute-t-il.
Elle a sauvé l’avortement, mais condamné Al Gore
Tout au long de son quasi quart de siècle à la Cour suprême, par son positionnement centriste, elle a souvent fait basculer la majorité sur des jugements décisifs. En 1989, Sandra Day O’Connor a ainsi sauvé l’arrêt Roe vs Wade de 1973, finalement renversé par l’actuelle Cour en juin 2022 – reconnaissant un droit fédéral à l’avortement en refusant de joindre sa voix à celles de quatre juges conservateurs.
En revanche, elle avait rejoint la majorité conservatrice de la Cour pour bloquer, en 2000, le recompte des voix en Floride à l’élection présidentielle, permettant au candidat républicain George W. Bush de l’emporter sur son adversaire démocrate Al Gore.
Après elle, cinq autres juges femmes ont été nommées à la Cour suprême, dont quatre actuellement en fonctions, soit le record pour cette institution.
«Profondément reconnaissante»
En hommage à la longue carrière et au rôle de pionnière de Sandra Day O’Connor, c’est un président démocrate, Barack Obama, qui lui a remis la plus haute distinction civile américaine, la Médaille de la liberté, en 2009.
«En tant que cow-girl du désert d’Arizona, je n’aurais jamais imaginé devenir un jour la première juge femme à la Cour suprême des États-Unis», écrivait en 2018 celle qui a grandi dans un ranch immense et isolé, se disant «profondément reconnaissante» pour son parcours, malgré la maladie.