Avions de combat: la voie royale pour les F-35A

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Conseil nationalAvions de combat: la voie royale pour les F-35A

Après le Conseil des États, l’alliance bourgeoise au Conseil national a confirmé la volonté du Conseil fédéral de commander les F-35 d’ici mars prochain. Et tant pis pour l’initiative qui arrive trop tard.

Eric Felley
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Eric Felley
Avec le soutien indéfectible de la droite du Conseil national, Viola Amherd a pu faire avancer d’une manière décisive l’achat des F-35A.

Avec le soutien indéfectible de la droite du Conseil national, Viola Amherd a pu faire avancer d’une manière décisive l’achat des F-35A.

AFP

L’alliance bourgeoise a fonctionné sans faille ce jeudi au Conseil national pour défendre l’acquisition du F-35, choisi par le Conseil fédéral le 30 juin 2021 et pour passer commande, avant le 31 mars prochain. Le Conseil des États avait déjà pris une telle décision au mois de juin. L’initiative déposée contre l’achat de l’avion américain n’a pas d’effet suspensif et a été jugée hors sujet: «Elle n’influence pas l’objet dont il est question aujourd’hui, a déclaré Thomas Hurter (UDC/SH). Si nous ne signons pas le contrat, nous perdrons notre slot de production et l’avion sera livré trop tard. La guerre est de retour en Europe, nous ne devons pas rater le coche».

«Les droits populaires foulés aux pieds»

Mais pour l’écologiste Marionna Schlatter (V/ZH), il fallait renvoyer le projet: «Pourquoi? Parce que cet achat présente un risque financier problématique pour la Suisse, parce que 100 000 personnes souhaitent s’exprimer sur cette question. Ce n’est pas le bon avion pour la police aérienne et il nous rend dépendant des États-Unis pendant des dizaines d’années. C’est au peuple de choisir, mais le gouvernement et le Parlement foulent aux pieds les droits populaires. En 2020, 49,9% de la population ont dit non à l’achat d’un avion de combat. Il faut permettre une votation sur l’initiative populaire pour ne pas être antidémocratique».

La socialiste Priska Seiler Graf (PS/ZH) a rappelé à la cheffe de l’armée, Viola Amherd, qu’elle avait promis lors du lancement de l’initiative que le peuple voterait, puis qu’elle s’était ravisée à cause de la guerre en Ukraine: «J’ai beaucoup d’estime pour vous, lui a-t-elle dit, mais là je ne vous suis pas».

Un livre «collector»

Pierre-Alain Fridez (PS/JU), auteur d’un livre qualifiant cet achat de «scandale d’État», a réitéré ses attaques contre la pertinence du «bombardier furtif américain», sur l’avantage en heures de vol accordé au F-35, sur l’absence de transparence de son évaluation, sur l’inégalité de traitement entre les soumissionnaires et les risques financiers liés à son développement. «Mon livre pourrait bien devenir à l’avenir un collector» a-t-il ironisé

Mais probablement pas chez Viola Amherd, qui a défendu l’urgence de la situation: «Il faut moderniser l’armée plus vite que prévu, a-t-elle affirmé. La protection de l’espace aérien est une priorité absolue». Elle a donc défendu la signature du contrat avant le 31 mars: «Même si le traitement de l’initiative ne peut pas être bouclé avant cette date. L’initiative Stop F-35 n’a pas été déposée assez rapidement, seulement le 16 août, entre-temps d’autres pays, l’Allemagne, le Canada et la Finlande ont commandé un nombre important de F-35A».

«Le bon choix pour la Suisse»

Viola Amherd avait de toute façon la partie gagnée avec le soutien de la droite du Conseil national sur cet achat de 36 avions F-35A pour un peu plus de 6 milliards de francs. Pour Jacqueline de Quattro (PLR/VD): «L’acquisition est conforme à la décision du peuple suisse, qui a accepté le crédit pour de nouveaux avions de combat le 27 septembre 2021. La majorité de votre commission est convaincue que le F-35A est le bon choix pour la Suisse». Et de citer les pays qui en ont acheté: le Royaume-Uni, l’Italie, la Norvège, les Pays-Bas, la Belgique, le Danemark, la Pologne, la Finlande, l’Allemagne et le Canada: «Autrement dit, le F-35A est l’avion de combat le plus répandu à la fois dans l’OTAN et dans l’Union européenne!»

«Pure manœuvre dilatoire»

Ida Glanzmann-Hunkeler (C/LU) a dénoncé la stratégie de la gauche avec une initiative qualifiée de «pure manœuvre dilatoire»: «Les Verts ne veulent pas de cet avion. Ceux qui ont signé l’initiative pensent ainsi, mais la population a changé d’attitude depuis le début de la guerre. L’initiative veut que l’on renonce à ce type d’avion, mais nous ne devons pas nous ingérer dans les compétences opérationnelles de l’armée». Les intervenants de l’UDC, du PLR, du Centre ou des Verts libéraux ont soutenu sans réserve l’achat sur fond de guerre en Ukraine. À l’instar de Rocco Cattaneo (PLR/TI): «Il s’agit de donner une impulsion forte pour la sécurité de la Suisse ces trente prochaines années».

«Aucun pilote suisse…»

Dans ce débat, malgré tous les arguments critiques avancés, l’issue de la confrontation n’a jamais fait de doute. Au vote, les propositions de renvoi de la gauche ont été balayées par 128 voix à 67. Pierre-Alain Fridez a regretté un non-débat avec des positions «figées dans le marbre» chez ses collègues bourgeois imperméables à toute critique. Et de leur lancer au sujet du F-35 qu’ils veulent acheter: «Aucun pilote suisse n’a encore pu voler dans cet avion monoplace».

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