FootballQue doit faire le SLO pour rassembler du monde au stade?
Avec 230 abonnés seulement, le club de la Pontaise, qui dispute ce mercredi son premier match de Super League contre Lugano, peine à séduire de nouveaux supporters.
- par
- André Boschetti
Combien de spectateurs seront-ils présents, ce mercredi (20h30) à la Pontaise, pour assister au duel de Super League entre Stade Lausanne Ouchy et le FC Lugano? Un moment de surcroît historique pour le club lausannois qui disputera à cette occasion son tout premier match au sein de l’élite du football suisse. «On espère avoir environ 2000 personnes, estime Serge Duperret, le vice-président stadiste. Bien que les Tessinois fassent partie des meilleures équipes du pays, pour le public romand la venue de Lugano n’est pas la plus attractive des affiches. Notre premier vrai défi sera de bien remplir la Pontaise, le 5 août prochain, pour la venue de Servette, l’un des nombreux beaux rendez-vous de cette saison.»
Seulement 80 abonnés de plus
Malgré une ascension sportive hors norme depuis une dizaine d’années – de la 2e ligue inter à la Super League – le SLO ne parvient toujours pas à rassembler un large public autour de lui. Ou alors seulement pour un événement exceptionnel comme ce fut le cas, il y a près de deux mois, lors du barrage décisif face au FC Sion où plus de 10’000 personnes avaient garni les gradins de la Pontaise. Car, malgré des résultats sportifs exceptionnels et un spectacle de qualité, seuls 230 abonnements saisonniers ont trouvé preneur jusque-là. Soit seulement 80 de plus que la saison dernière, en Challenge League. «Mais nous avons encore du temps et l’objectif est d’en compter finalement environ 450», assure Brian Savoy, le nouveau responsable marketing du club.
Les prix les plus bas
Un total qui n’empêchera pas le SLO de figurer au dernier rang dans ce domaine. Juste devant on trouve Yverdon Sport qui a vu le nombre de ses abonnés passer de 650 à un millier. Avec la petite excuse de ne retrouver son Stade municipal que le 24 septembre et de devoir donc disputer ses deux premières rencontres, dites à domicile, à Neuchâtel. Des chiffres d’autant plus décevants pour les deux petits clubs vaudois que les prix pratiqués sont les plus bas de Super League. «Pour fixer le prix des billets de match et des abonnements, dit-on dans les deux clubs, nous avons regardé ce qui se pratique ailleurs. Et comme nos infrastructures ne sont pas les plus modernes et confortables du pays, il nous a semblé logique que nos spectateurs paient un peu moins pour assister à nos rencontres, même si l’attractivité des affiches sera nettement supérieure à celles que nous avons connues jusque-là.»
Des chiffres bien modestes qui ne désespèrent pas Serge Duperret. «Le club est en train de se construire une nouvelle identité et ça prend du temps. Notre image change aussi peu à peu. Ces dernières années, les gens voyaient le SLO comme le club d’un mécène. Or ils commencent à se rendre compte que ce n’est pas le cas. S’il est évident que cette aventure n’aurait pas été possible sans lui, Vartan Sirmakes n’est qu’une précieuse assurance pour le club. Il ne dépense pas un franc sans être certain qu’il le faut vraiment. Autour de lui, un grand nombre de personnes bossent beaucoup pour faire grandir le SLO.»
Pour augmenter son budget, le SLO doit donc aussi, et surtout, compter sur lui-même. L’une des raisons pour lesquelles Serge Duperret a rejoint le club. «Le travail de fond entamé il y a deux ans commence à payer, assure celui a tout vécu et connu dans le canton de Vaud depuis près de cinq décennies. Le vent de sympathie qui nous accompagne est de plus en plus fort mais il peine malheureusement à se traduire financièrement. Ce qui me sidère, c’est la peine qu’ont les gens à sortir leur porte-monnaie pour le SLO. Autant, suite à la promotion en Super League, ils trouvent logique que le LS augmente ses tarifs, autant ils ne comprennent pas que nous en fassions de même.»
Une allusion directe au «Club des Lions» – qui compte une quarantaine de membres –, le seul club de soutien du SLO, créé il y a deux ans par Serge Duperret. «Ces deux dernières années, le prix d’entrée, accompagné d’une série de petits avantages, était à mille francs. Afin d’augmenter nos revenus et continuer de contribuer à développer le SLO, nous avons désormais créé trois catégories à 3000, 5000 et 10’000 frs. Des montants qui correspondent à ce qui se fait ailleurs en Suisse mais qui laissent perplexes nombre de nos sympathisants. Ce que j’ai peine à comprendre.»
Pour booster un peu plus le nombre de ses fidèles, il faudra encore du temps et des résultats. «Je crois que les Lausannois attendent un peu de voir ce que l’on est capable de faire en Super League, espère le dirigeant stadiste. Et si nos premières sorties montrent que nous sommes à la hauteur de ce défi, ils hésiteront peut-être moins avant de délier les cordons de leurs bourses afin de passer leur soirée à la Pontaise.»
Déception au LS aussi
Un manque d’enthousiasme du public qui est le dénominateur commun des autres clubs romands. Les chiffres du Lausanne-Sport, pourtant club historique du paysage suisse qui vient lui aussi de monter en Super League, le confirment. «Le nombre de nos abonnés est passé de 1800 la saison passée à 2500 actuellement, alors que nous en espérions 3000 même si les prix ont été majorés de 30% environ», précise Vincent Steinmann.
Du côté du Servette FC, brillant deuxième de Super League derrière l’intouchable YB, on ne livre aucun chiffre tout en précisant quand même que le nombre de ses abonnés a grimpé de 25% par rapport à l’exercice 2022-2023. Quatre clubs dont on peut se demander où ils en seraient s’ils n’étaient pas tous en mains de propriétaires si solides financièrement.