EnvironnementLa Suisse va stocker du CO2 dans les fonds marins
Le Conseil fédéral a autorisé mercredi l’exportation du CO₂ en vue de son stockage dans les fonds marins à l’étranger dès 2024.
- par
- Christine Talos
Le Conseil fédéral veut exporter du dioxyde de carbone (CO2), principal gaz à effet de serre lié à l’activité humaine, en vue de son stockage sous la mer dès l’an prochain. «À partir de 2024, il sera possible d’exporter du CO2 à l’étranger pour le stocker dans des fonds marins», indique-t-il dans un communiqué.
Visant à enrayer le réchauffement climatique, la technologie du captage et stockage du CO2 (CCS) consiste à capter les émissions de dioxyde de carbone à la sortie des cheminées d’usine et à séquestrer, après liquéfaction, ce carbone dans des réservoirs géologiques. «Le stockage permanent du CO2 est incontournable dans le cadre de la politique climatique pour atteindre les objectifs climatiques internationaux et nationaux», précise Berne.
Exception pour le CO₂
Le gouvernement souligne que le Protocole de Londres à la Convention de 1972 sur la prévention de la pollution des mers résultant de l’immersion de déchets et d’autres matières interdit toute exportation de déchets en vue de leur élimination en mer mais qu’un amendement apporté en 2009 a créé une exception pour le CO2.
Lors de la signature de l’Accord de Paris sur le climat, Berne s’était engagé à réduire de moitié ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport à leur niveau de 1990, en fixant comme objectif à long terme une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 70 à 85% à l’horizon 2050. Mais il a ensuite décidé en août 2019 de revoir cet objectif à la hausse, en visant la neutralité carbone dès 2050. Cet objectif dit de «zéro net» est ancré dans la «loi climat» que le peuple a approuvée en votation le 18 juin dernier avec 59,1% de oui.
Une technologie complexe controversée
Complexe et coûteuse, la technologie du captage et stockage du CO2 (CCS) est jugée nécessaire par les experts du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et de l’Agence internationale de l’énergie, pour enrayer la montée du thermomètre, quel que soit le rythme auquel le monde parvient à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Certains défenseurs de l’environnement s’inquiètent cependant qu’un tel outil serve de motif à une prolongation de l’exploitation des énergies fossiles, détourne de précieux investissements des énergies renouvelables ou présente encore des risques de fuite. Plusieurs dizaines de projets de CCS existent à travers le monde.