Jura bernoisChaindon: le grand raout agricole tient son livre
Vieille de 400 ans, la foire agricole de Chaindon a été épluchée par une historienne tombée dans cette marmite quand elle était petite
- par
- Vincent Donzé
La foire de Chaindon, c’est la grand-messe des éleveurs de vaches, de chevaux, moutons, de chèvres et d’animaux d’élevage à poil et à plumes. Elle se déroulera lundi prochain à Reconvilier, après un dimanche festif avec à quatre stands, un ouvrage sorti de presse cette semaine: «Chaindon – Histoire d’une grande foire campagnarde», aux éditions du Roc à St-Imier.
Mandatée par l’éditeur, l’historienne Laurence Marti (60 ans) a mis son savoir, mais aussi son cœur dans cet ouvrage. Établie à Aubonne, elle a grandi à Bévilard. Avec ses parents ou ses grands-parents, elle ne ratait jamais la foire. «On a beaucoup écrit sur l’horlogerie, mais rien sur cette foire commerciale qui a précédé l’industrie et qui a traversé toutes les crises», dit-elle.
Au-delà de la mémoire
Docteure en sociologie et sciences sociales, Laurence Marti a passé plus de temps dans des bibliothèques que dans des écuries. Pour un événement quatre fois centenaire, il s’agissait de remonter le temps au-delà de la mémoire des anciens.
L’historienne a compulsé des archives en vérifiant «tout ce qui a été dit». Le document le plus ancien qu’elle a trouvé date de 1613. Une revue de presse l’a aussi aidée, même si ces informations «n’allaient pas plus loin que la guerre». Des journaux intimes ont été compulsés, mais Laurence Marti a aussi réalisé des interviews, dont celui de la fille d’un marchand lucernois.
Sur une autre voie
Dans son ouvrage, Laurence Marti qualifie la foire de Chaindon de «réussite en matière d’économie rurale». L’historienne attribue l’émanation de la foire à des paysans du XVIe siècle qui ont «pris le risque de s’engager sur une autre voie que la culture céréalière», principale source de profit des souverains.
Les bourgeois de la petite communauté de Chaindon ont élevé et vendu du bétail, une activité «alors marginale et peu considérée», qui valorisait des terres impropres à la culture du froment. Pendant trois siècles, Chaindon était une foire aux bœufs, avant l’apparition du cheval.
L’apparition du cheval
Ce qui a fait la force de Reconvilier, face à Saignelégier aux Franches-Montagnes, c’est l’arrivée du chemin de fer à la fin du XIXe siècle, entre Delémont et Bienne. Puis Chaindon a trouvé sa place dans un vaste réseau d’échanges en évoluant jusqu’à devenir une foire aux machines agricoles.
Le fruit des recherches de Laurence Marti tient en 150 pages. Dimanche, de 10 h 30 à 12 h 15, cette chercheuse indépendante dédicacera son ouvrage au stand de «RJB», la radio du Jura bernois. Attaché au folklore, le comité d’organisation a prévu ce jour-là une course de cochons à 11 h 15, 13 h 15, 15 h 15, avec une finale à 17 h 15, mais aussi une démonstration de lanceurs de drapeaux, un passage de la police montée et… un flashmob de yodleurs!