Football fémininNoémie Beney: «La Suisse a toutes les cartes en main»
L’ancienne professionnelle vaudoise et joueuse de l’équipe de Suisse revient sur le choc contre l’Italie, ce mardi à la Stockhorn Arena de Thoune (17h45). L’occasion d’évoquer avec elle le développement du football féminin.


Noémie Beney (ici en août 2010) a disputé 43 matches avec la Nati.
freshfocusLa première place du groupe G. Et un pas de géant vers l’Australie/Nouvelle-Zélande pour le Mondial. Tel est l’enjeu de la rencontre opposant l’équipe de Suisse à l’Italie, ce mardi à Thoune (17 h 45), dans le cadre des éliminatoires pour la Coupe du monde 2023.
Avant ce duel, la troupe de Nils Nielsen compte un point d’avance sur les Transalpines, alors que deux autres matches – en Croatie et face à la Moldavie début septembre – resteront au programme. Toujours invaincues dans cette campagne après 7 rencontres, les Suissesses auront fort à faire pour confirmer l’exploit réalisé à Naples en novembre dernier (succès 1-2). La Vaudoise Noémie Beney, ancienne professionnelle comptant 43 sélections sous le maillot national entre 2007 et 2010, revient avec nous sur cette «finale».
Noémie Beney, quel regard portez-vous sur la campagne qualificative de l’équipe de Suisse?
Jusqu’au match de vendredi, c’était un sans-faute, même si tout n’était pas parfait. Au début des éliminatoires, si on avait proposé à la Nati d’être dans cette situation à ce moment-là, tout le monde aurait signé. Bien entendu, le partage des points en Roumanie met un petit grain de sable dans la roue (ndlr: 1-1). Mais on reste en très bonne position, avec toutes les cartes en main.
Est-ce que ce match nul à Bucarest n’est pas de mauvais augure?
Non, je ne pense pas, cela fait partie du foot. La Suisse a surtout manqué de chance, car elle s’est créé bien assez d’occasions. Parfois, ce genre de matches permet d’aller puiser un peu plus au fond de soi pour les prochaines échéances. Lors de la dernière phase de qualification pour l’Euro, la Nati avait concédé un nul en Croatie, avant de sortir une grosse performance contre la Belgique quelques jours plus tard (ndlr: victoire 2-1). Il faut tirer profit de ce résultat nul pour aborder le choc contre l’Italie dans les meilleures conditions.
Plusieurs titulaires indiscutables ont eu des soucis de santé et ne sont pas au top de leur forme. N’est-ce pas inquiétant?
Bien évidemment, quand nos joueuses clés ne sont pas dans leur meilleure forme, on se pose des questions. Mais Nils Nielsen a bien assez d’expérience pour trouver des solutions et réussir à mobiliser ses troupes. Les joueuses qui seront mises à contribution évolueront avec une motivation décuplée, pour prouver qu’elles ont leur place sur le terrain.
Comment jugez-vous la progression de l’équipe de Suisse ces dernières années?
Elle continue à progresser. Elle a eu des périodes assez difficiles, avec un noyau dur qui a évolué très longtemps ensemble et s’est petit à petit effrité, avec les départs de Lara Dickenmann, Caroline Abbé et Martina Moser. Et on ne savait pas trop si la prochaine génération allait suivre. Mais on voit que la formation en Suisse est plutôt bonne, car les jeunes qui arrivent en équipe A amènent quelque chose. On continue à se battre pour se qualifier pour les grandes compétitions, donc on est dans la bonne direction. La prochaine étape c’est vraiment d’y arriver régulièrement. Le meilleur reste à venir.
Que penser de l’équipe d’Italie?
C’est une équipe en plein développement. Comme le montre le parcours de la Juve, composée de nombreuses internationales italiennes en Ligue des championnes, qui a battu Lyon en quart de finale aller.
Le football féminin est en pleine expansion et le record d’affluence a été battu lors du quart de finale retour entre le Barça et le Real (91’553 spectateurs au Camp Nou). Comment vivez-vous cet essor?
J’ai eu la chance d’être au Camp Nou, c’était magique. Une soirée incroyable. Ces dernières années, les choses ont passablement évolué: les associations nationales se sont développées, les instances faîtières internationales ont décidé de faire du football féminin une priorité. On voit que quand on donne aux joueuses des bons encadrements et des bonnes installations, le niveau augmente très rapidement. Cela donne des matches incroyables à regarder.
Et en Suisse, où en est-on?
Beaucoup de travail a été fait et le niveau de la Ligue a augmenté. Mais la Suisse reste un très petit pays, avec un nombre de licenciées limité. La Super League est principalement un championnat de formation, où les jeunes peuvent jouer au plus haut niveau, avant de faire le pas à l’étranger. Bien sûr on aimerait que cela bouge plus vite, mais cela prend du temps. Même chez les hommes, dès qu’on descend en Challenge League, les conditions sont loin d’être optimales. La Suisse n’est pas le pays foot par excellence, mais cela avance. Le parcours de Servette en Ligue des championnes a suscité pas mal d’intérêt. C’est en étant visible et en offrant un joli spectacle qu’on attire les regards.
Pour terminer, un petit pronostic avant le match de ce soir?
J’ai toujours été mauvaise en pronostics, mais j’espère un 2-1 pour la Suisse!