Hockey sur glaceCommentaire: la saison 2022-23 sera celle de la concurrence pour les Suisses
La nouvelle saison démarre vendredi pour les clubs romands (tous les matches à 19h45). Et nous saurons enfin ce que le HC Ajoie, le HC Bienne, Fribourg-Gottéron, Genève-Servette et le Lausanne HC ont dans le ventre.
- par
- Cyrill Pasche
Les attentes, de toutes parts, sont élevées. Les passionnés de hockey sur glace espèrent être gâtés, attendent un spectacle de haut vol ainsi qu’un niveau de jeu jamais entrevu en Suisse. Ceci est dû à l’augmentation du nombre d’étrangers (six sur la glace par équipe, au lieu de quatre) et à l’arrivée massive de pointures du hockey européen.
Le thème des étrangers a été sur toutes les lèvres ces derniers jours. Si la plupart d’entre eux présentent de sacrés palmarès (les Finlandais, qui ont tout raflé en 2022) et/ou des statistiques de premier plan en KHL (Russie), nombreux sont ceux qui ne sont pas vraiment connus du grand public. Les facteurs découverte et excitation en seront décuplés au cours des premiers jours et semaines de championnat.
Si on a beaucoup parlé des nouveaux renforts, la façon dont les Suisses vont répondre à l’arrivée de cette concurrence sera particulièrement intéressante à suivre.
Augmenter le nombre d’étrangers, est-ce finalement une bonne chose, à moyen ou long terme, pour le hockey helvétique?
Il y a deux écoles: ceux qui pensent que la concurrence stimulera les meilleurs Suisses, et en fera de meilleurs hockeyeurs. Et il y a ceux qui sont d’avis que les gardiens, les joueurs de centre et les défenseurs offensifs suisses seront les grands perdants de cette mini-révolution, tout comme les jeunes talents qui cherchent à percer dans l’élite. Il est vrai que les clubs se sont rués sur des étrangers de haut niveau pour occuper leurs postes-clé (gardien, centre, défenseur pour le power play). Patrick Fischer, sélectionneur de l’équipe nationale, penche assurément pour la deuxième hypothèse.
Du boulot pour les coaches
L’autre facteur extrêmement intrigant sera la façon dont les entraîneurs vont gérer les égos et distribuer les temps de jeu maintenant que davantage d’options de qualité s’offrent à eux. On peut d’ailleurs très bien imaginer des internationaux helvétiques, d’ordinaire habitués à se royaumer en power-play et à être alignés en priorité dans tous les moments charnières des matches, rétrogradés dans un 3e ou 4e bloc. Avec toutes les incidences que cela pourrait avoir sur leur prochain contrat, et donc sur leur porte-monnaie.
Faire pression sur les salaires (souvent élevés) des Suisses: c’était précisément une des raisons majeures qui ont poussé les clubs à voter en faveur d’une ouverture partielle des frontières. Genève-Servette, avec six étrangers hors catégorie et plusieurs Suisses de premier plan, est potentiellement ce genre de «poudrière».
Enfin un champion romand?
À ce stade, la nouvelle saison paraît totalement imprévisible, même si les grands favoris (Zoug, Zurich) et les outsiders (Fribourg, Genève, Lausanne, Bienne notamment) restent les mêmes, et que le fossé entre les nantis et les viennent-ensuite semble s’être creusé encore davantage.
Tout peut arriver et semble possible durant cette saison pas comme les autres: du spectacle (certainement), une qualité de jeu inégalée, des étincelles, des décisions arbitrales litigieuses malgré le recours encore plus fréquent (et bien souvent inutile) à la vidéo, éventuellement des crises d’égos et une flopée de mécontents, et peut-être même, qui sait, enfin un champion romand!