CurlingPourquoi les Suissesses écrasent l’opposition
Les Suissesses sont déjà qualifiées pour les demi-finales du Mondial suite à leur succès, le 31e consécutif lors d’un Championnat du monde, face à la Norvège (6-1) ce jeudi. L’analyse de Patrik Loertscher.
- par
- André Boschetti
Qui est en mesure d’arrêter les glissades triomphales de Briar Schwaller, Carole Howald, Silvana Tirinzoni et Alina Paetz aux championnats du monde de curling? Jeudi matin, le CC Aarau a remporté, face à une coriace équipe de Norvège, une neuvième victoire en autant de duels disputés à Sandviken, en Suède. Un parcours parfait qui assure déjà aux Suissesses l’une des deux premières places au classement, synonymes de qualification directe pour les prochaines demi-finales.
Une domination d’autant plus impressionnante et incontestable que Silvana Tirinzoni et Cie sont triples championnes du monde en titre. Pour mieux mesurer l'hégémonie du quatuor helvétique sur le curling mondial féminin, on peut encore ajouter qu’il vient de remporter, contre la Norvège, sa 31e victoire consécutive lors d’un Championnat du monde. Lui-même champion du monde en 1981 puis olympique en 1998, Patrik Loertscher ne cache pas son admiration pour les quatre curleuses du CC Aarau. «Je ne pense pas qu’une équipe ait déjà réussi une telle série victorieuse au cours de l’histoire des Mondiaux, explique-t-il. Ce qu’elle font est à peine croyable. Elles sont actuellement en pleine confiance et donnent parfois l’impression que rien ne peut leur arriver.»
Comment le consultant de la RTS analyse-t-il le parcours sans faute des Suissesses en Suède, avec cette qualification déjà en poche pour les demi-finales alors qu’il leur reste encore trois rencontres à disputer? «La première, c’est la forme étincelante d’Alina Pätz (33 ans). Actuellement, la Zurichoise évolue un bon niveau au-dessus de toutes les joueuses présentes à Sandviken. Par deux fois, et notamment face au Canada en début de semaine, les Suissesses étaient assez mal embarquées au milieu de la partie. Mais les coups de génie de la No 4 ont irrémédiablement fait basculer le duel en leur faveur. Alina rate bien entendu quelques pierres mais jamais celles qui sont d’une importance capitale. Celle qui est aujourd’hui la meilleure curleuse de la planète a aussi un mental d’acier.»
Niveau général très moyen
L’autre raison de cette domination est un peu moins réjouissante pour le curling féminin. «Il ne faut pas se le cacher, continue Patrik Loertscher, le niveau de ce championnat du monde est très moyen. L’augmentation à treize du nombre d’équipes participantes se justifie d’autant moins que, pour les raisons que l’on connaît, la Chine et la Russie ne sont pas présentes en Suède.»
De là à penser qu’un quatrième sacre mondial consécutif est déjà promis au CC Aarau, il y a un pas que Loertscher ne franchit pas. «Comme on l’a vu récemment aux Jeux de Pékin pour ces mêmes Suissesses qui étaient grandes favorites au titre olympique, il suffit d’un jour sans pour que tout bascule dans le mauvais sens. Et parmi les équipes présentes à Sandviken, il y en a tout de même quelques-unes de valeur, donc capables de profiter d’une baisse de régime du quatuor skipé par Silvana Tirinzoni. On ignore encore l’identité de leur adversaire en demi-finale, mais les Canadiennes, les Suédoises, les Allemandes ou les Norvégiennes évoluent à un niveau largement suffisant pour pouvoir les inquiéter sur un match.»
Demi-finales samedi
Tout cela à condition, bien entendu, qu’Alina Pätz commence aussi à manquer quelques pierres importantes. Un scénario qui semble aujourd’hui assez peu probable tant la Zurichoise donne l’impression de parfaitement maîtriser à la fois chaque situation, si compliquée soit-elle, et ses nerfs.
D’ici à samedi, jour des demi-finales, la Suisse affrontera encore le Danemark ce jeudi (19 heures) puis, vendredi, la très décevante Ecosse (9 heures) et enfin la Corée du Sud (19 heures), d'ores et quasiment déjà éliminée de la course aux barrages pour accéder aux demi-finales.