Le Prix Nobel a découvert un groupe humain mystérieux

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StockholmLe Prix Nobel a découvert un groupe humain mystérieux

Svante Pääbo, couronné du prix de Médecine, avait pu identifier grâce à l’ADN d’un petit doigt, l’homme de Denisova, une nouvelle espèce liée à l’homme.

Une membre du comité du Nobel, explique aujourd’hui la portée du travail de Svante Pääbo.

Une membre du comité du Nobel, explique aujourd’hui la portée du travail de Svante Pääbo.

AFP

Les Dénisoviens, dont le génome a pu être décrypté grâce au Suédois Svante Pääbo, pionnier de la paléogénomique couronné lundi par le Nobel de médecine, sont les représentants d’un groupe d’humains asiatiques cousins des Néandertaliens qui ont laissé peu de traces de leur passage.

En 2008, un fragment vieux de 40 000 ans fut découvert dans la grotte de Denisova en Sibérie: un os de petit doigt contenant de l’ADN remarquablement bien préservé grâce aux conditions climatiques favorables. De ce simple reste, Svante Pääbo et ses collègues de l’institut allemand Max-Planck identifient une nouvelle espèce d’hominines (qui désigne l’ensemble des lignées humaines), dont l’ADN était jusqu’ici inconnu, baptisé «Homme de Denisova». La découverte fait sensation.

Des cousins des Néandertaliens

L’équipe met ensuite au point de nouvelles techniques d’extraction d’ADN et d’analyses plus sensibles, qui lui permettent de reconstituer un génome complet de l’espèce, en 2012. Suffisamment finement pour comprendre que les Dénisoviens étaient des cousins des Néandertaliens avec qui ils partageaient un ancêtre commun, dont ils se sont séparés il y a environ 400 000 ans.

La découverte d’un reste fossilisé d’une jeune fille née de leur union, dans la même grotte de Denisova, a prouvé que ces deux espèces archaïques s’étaient «hybridées», selon les termes employés par les paléontologues.

Mais si on sait que Néandertal a disparu de la surface de la Terre il y a environ 40 000 ans, on ignore à quel moment Denisova s’est éteint. Ni à quoi il pouvait ressembler, car il n’a laissé que de rares traces fossiles de son passage hormis ceux de la grotte sibérienne et une mandibule trouvée sur le plateau tibétain en 2019.

Les travaux de Svante Pääbo ont néanmoins permis d’éclaircir encore le mystère, en mettant au jour un «flux de gènes» entre les Dénisoviens et Homo sapiens, grâce à des comparaisons avec des séquences d’humains contemporains, explique le comité Nobel dans un communiqué.

Métissé avec notre espèce

Autrement dit, avant de disparaître, Denisova s’est aussi métissé avec notre espèce, léguant une part de son ADN à des populations actuelles du Sud-Est asiatique et d’Océanie: Negritos des Philippines, Papous de Nouvelle-Guinée et Aborigènes d’Australie portent une grande proportion de génome Dénisovien (jusqu’à 6%).

Les scientifiques en déduisent que les ancêtres modernes de ces populations mélanésiennes s’étaient métissées avec des Dénisoviens ayant peuplé l’Asie du Sud-Est, loin des montagnes froides de Sibérie ou du Tibet. Il manquait la preuve de leur présence dans cette partie du continent, qu’une étude publiée en mai dernier pense avoir trouvé, dans une grotte au Laos.

(AFP)

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