EspagneNe pas avoir convaincu assez de Catalans, erreur des indépendantistes
Le 1er octobre 2017, le gouvernement catalan avait organisé un référendum d’indépendance. Aujourd’hui, un de ses leaders se dit fier de la démarche, même si le mouvement semble divisé.
Cinq ans après la tentative de sécession de la Catalogne, pour laquelle il a passé plus de trois ans en prison, Oriol Junqueras pense toujours qu’il était légitime de défier l’Espagne en organisant un référendum d’autodétermination. Mais l’ancien numéro deux du gouvernement régional de Carles Puigdemont reconnaît toutefois que la «principale erreur» des séparatistes aura été de ne pas avoir su «convaincre encore plus» de Catalans de rallier leur cause, ce qu’ils devront faire dans l’avenir s’ils veulent, un jour, avancer vers leur rêve d’indépendance.
«Nous avons fait ce que nous devions faire», confie ce docteur en histoire de 53 ans. Avant de se dire «profondément fier de notre capacité à convoquer, à organiser et à célébrer un référendum d’autodétermination» qui sera, selon lui, «sans aucun doute la graine de toutes les victoires démocratiques qui se produiront dans l’avenir».
Autonomie suspendue, leaders incarcérés
Malgré son interdiction par la justice, le gouvernement régional catalan, emmené par Carles Puigdemont et Oriol Junqueras, avait organisé, le 1er octobre 2017, cette consultation, émaillée de violences de la part de la police, qui tentait de l’empêcher. Sur la base de résultats n’ayant jamais été vérifiés de façon indépendante, le Parlement catalan avait ensuite voté, le 27 octobre, une déclaration unilatérale d’indépendance.
En réaction, Madrid avait révoqué le gouvernement régional et suspendu l’autonomie de la région, tandis que les leaders séparatistes avaient été incarcérés, comme Junqueras, ou avaient fui à l’étranger, comme Puigdemont.
Cinq ans après l’échec de cette tentative de sécession, le mouvement indépendantiste est profondément divisé sur la marche à suivre et la fragile coalition entre le parti d’Oriol Junqueras (ERC) et celui de Carles Puigdemont (JxC), qui est toujours à la tête de cette riche région du nord-est de l’Espagne, est au bord de la rupture.
«Être passés par la prison nous a rendus plus forts»
Gracié l’an dernier, avec huit autres indépendantistes, par le gouvernement central du socialiste Pedro Sanchez, Oriol Junqueras aura passé plus de trois ans derrière les barreaux. En 2019, il avait été condamné à treize ans de prison pour sédition et malversation, la plus lourde peine des indépendantistes jugés pour leur rôle dans la tentative de sécession. Un long séjour en prison qu’il ne regrette absolument pas. «Mon obligation était de rester le plus près possible de mes concitoyens», juge-t-il, sans toutefois critiquer ceux qui ont choisi «l’exil», comme Puigdemont, pour échapper aux poursuites judiciaires.
«Être passés par la prison nous a rendus plus forts», affirme-t-il en outre. Cela a été «un investissement profitable», car «de nombreuses portes s’ouvrent au sein de la communauté internationale» pour les indépendantistes, assure-t-il, en faisant référence notamment aux conclusions récentes du Comité des droits de l’homme de l’ONU, qui a estimé que Madrid avait violé les droits politiques de leaders catalans, dont Oriol Junqueras, en les suspendant de leurs fonctions publiques avant qu’ils ne soient condamnés par la justice.