TennisCette maladie rare et incurable dont souffre Nadal
Depuis ses 18 ans, le champion espagnol est affecté par le syndrome de Müller-Weiss. Une maladie dégénérative et douloureuse qui touche son pied gauche.
Le syndrome de Müller-Weiss, une maladie qui handicape de plus en plus le champion de tennis espagnol Rafael Nadal, est une pathologie rare affectant un os du pied, qui peut provoquer des douleurs chroniques. Le Majorquin souffre depuis ses 18 ans d’une ostéonécrose de l’os naviculaire – ou scaphoïde tarsien -, également appelée syndrome de Müller-Weiss. Une maladie dégénérative «chronique et incurable», a-t-il détaillé début mai.
Ce syndrome touche l’os naviculaire, situé sur le dos du pied, entre le talus (autrefois appelé astragale) et les os cunéiformes. «Cet os est soumis à des contraintes importantes et, pour des raisons qu’on ignore, perd sa vascularisation et se nécrose», explique à l’AFP Denis Mainard, président de l’Association française de chirurgie du pied et chef du service de chirurgie orthopédique de l’hôpital de Nancy.
Dans les cas les plus graves et «chez des sujets sollicitant beaucoup leurs pieds, l’os va se désagréger, s’aplatir, il peut se fragmenter et, à la fin, cela peut évoluer en arthrose avec un raccourcissement de l’arche plantaire», précise-t-il.
Causes inconnues
Le syndrome de Müller-Weiss peut toucher un seul pied mais plus souvent les deux. Rafael Nadal souffre d’un seul pied, le gauche. Cette pathologie affecte plus souvent les femmes, et des personnes entre 40 et 60 ans.
Le Pr Mainard ne connaît pas le dossier du joueur espagnol. Mais il soulève «l’hypothèse intellectuelle» qu’il ait pu être atteint, enfant, de la maladie de Köhler-Mouchet, une pathologie rare de croissance de l’os naviculaire touchant les moins de 10 ans, notamment les garçons sportifs, et qui peut laisser des séquelles.
Le syndrome de Müller-Weiss compte cinq stades: le premier est sans symptômes, le dernier est l’arthrose. Les causes de cette maladie restent inconnues. «Dans les deux auteurs qui l’ont décrite initialement, Müller la pensait plutôt d’origine traumatique, Weiss plutôt vasculaire. Pour l’instant, on considère que l’origine est plutôt vasculaire», note le Pr Mainard. Certains facteurs peuvent augmenter son risque d’apparition (surpoids, pieds plats, fracture de fatigue, etc).
«Une tonne d’anti-inflammatoires»
Cette maladie est souvent difficile à diagnostiquer au départ, car elle se développe de manière silencieuse dans les premiers temps. Les douleurs apparaissent généralement dans un second temps.
Outre du repos, des semelles orthopédiques peuvent diminuer la contrainte mécanique. Face aux douleurs, des traitements anti-inflammatoires et des infiltrations complètent la panoplie thérapeutique. «Je vis avec une tonne d’anti-inflammatoires au quotidien pour me donner une chance de pouvoir m’entraîner (…) Si je n’en prends pas, je boite», raconte Rafael Nadal. Et «mon problème, depuis déjà un certain temps, c’est qu’il y a beaucoup de jours où je vis avec trop de douleur».
Pour les patients dont la douleur n’est plus soulagée et qui ne peuvent plus marcher, une intervention chirurgicale peut être prescrite. Elle bloque les deux articulations impliquant l’os naviculaire. «Dans les cas où l’os naviculaire s’est désagrégé, il faut aussi une greffe osseuse pour rétablir la longueur de l’arche interne du pied», précise le Pr Mainard. «Pratiquer du sport à haut niveau après une telle opération paraît difficile», juge-t-il.