«Le Cadran de la destinée» offre une belle conclusion à Indiana Jones

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Critique ciné«Le Cadran de la destinée» offre une belle conclusion à Indiana Jones

Sortie ce mercredi sur les écrans romands, cette cinquième et dernière aventure de l’archéologue est une belle surprise. À 80 ans, Harrison Ford assure le spectacle.

Laurent Siebenmann
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Laurent Siebenmann
Faut pas fâcher Indiana Jones (Harrison Ford)!

Faut pas fâcher Indiana Jones (Harrison Ford)!

Lucasfilm

Les trois premiers «Indiana Jones», ce sont d’abord les aventures d’un fringant archéologue, jeune quadragénaire plein d’humour, de gouaille et d’entrain dont les exploits se déroulent essentiellement dans la seconde partie des années 1930. Il y affronte surtout des nazis. Et les méchants Thugs. Archétypes des films d’actions distrayants et décomplexés des années 80, «Les aventuriers de l’Arche perdue», «Indiana Jones et le Temple maudit», puis «Indiana Jones et la Dernière croisade» forment une trilogie formidablement entraînante, imaginée par Steven Spielberg et George Lucas, qui a marqué l’histoire du cinéma.

Proposer en 2008 un nouvel épisode se déroulant en 1957 avec un héros vieillissant, un peu désabusé, qui se découvrait père de famille était un pari risqué. Faire des Soviétiques ses nouveaux ennemis apparaissait (presque) comme une curiosité. Affronter des extraterrestres semblait trop «décalé», après être parti à la recherche de l’Arche d’alliance, des pierres de Sankara et du Graal. Ajoutez à cela des effets numériques pas toujours heureux (Mutt sautant de liane en liane, accompagné de singes) et des décors de carton-pâte… Résultat, «Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal» avait été fraîchement accueilli.

Un rajeunissement numérique plutôt réussi, pour Indiana Jones.

Un rajeunissement numérique plutôt réussi, pour Indiana Jones.

Lucasfilm

Autant dire que ce cinquième – et dernier? – épisode, «Indiana Jones et le Cadran de la destinée», était attendu par votre serviteur avec un brin d’angoisse. Ce film allait-il être encore un peu plus raté que le précédent, avec un Harrison Ford désormais âgé de 80 ans? Ou, au contraire, se révélerait-il nettement plus proche des trois premiers épisodes? Heureuse nouvelle, ce nouveau long-métrage réalisé par James Mangold, sorti ce mercredi sur les écrans romands, offre une très jolie conclusion aux aventures de notre archéologue au chapeau et au fouet.

Voller (Mads Mikkelsen), le grand méchant de «Indiana Jones et le Cadran de la destinée».

Voller (Mads Mikkelsen), le grand méchant de «Indiana Jones et le Cadran de la destinée».

Lucasfilm

Sans trop en dire, le film s’ouvre sur une séquence réjouissante se déroulant en 1944. On y retrouve Indiana Jones toujours quadragénaire affrontant des nazis en pleine Seconde guerre mondiale. C’est bourré d’action, de bons mots et de trouvailles amusantes, comme au bon vieux temps. En l’espace d’un bon quart d’heure, «Indiana Jones et le Cadran de la destinée» rachète «Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal». Le rajeunissement numérique d’Harrison Ford est plutôt convaincant. En tout cas, nettement plus que celui de Robert De Niro, Al Pacino et Joe Pesci dans «The Irishman».

Puis, le métrage bascule en 1969. On découvre un Indiana Jones vieux, usé, quasi dépressif et mis à la retraite, alors que New York célèbre les astronautes d’Apollo 11. Plus grommelant que jamais, Ford livre un numéro impeccable et paraît plus affûté, en forme (ce qui est paradoxal) que dans l’épisode précédent. Évidemment, sa vie sera bouleversée lorsque sa filleule, Helena Shaw (survoltée Phoebe Waller-Bridge), va faire irruption. Et l’emmener à la recherche d’un cadran aux pouvoirs magiques, naturellement convoité par un groupe d’anciens nazis bien décidés à réécrire l’Histoire.

Harrison Ford et Phoebe Waller-Bridge forment un bon duo.

Harrison Ford et Phoebe Waller-Bridge forment un bon duo.

Lucasfilm

Si «Indiana Jones et le Cadran de la destinée» nous apporte tous les plaisirs attendus par la saga, il ose une partition supplémentaire: celle de la nostalgie liée au temps qui passe. Aux regrets aussi, face aux épreuves de la vie. Cet épisode fait également quelques allusions aux aventures précédentes mais sans trop en abuser. Enfin, dans sa toute dernière partie, il réussit miraculeusement à concrétiser un scénario qui, sur le papier, pouvait sembler friser avec le ridicule. Et bien, pas du tout. L’émotion est même à son comble, lors de la scène finale, portée par la musique de John Williams.

Harrison Ford, Phoebe Waller-Bridge, John Rhys-Davies, Mads Mikkelsen, Toby Jones, Antonio Banderas et le musculeux Olivier Richters ont réussi leur coup, a priori injouable: offrir un dernier tour de piste à Indiana Jones, plein de surprises, d’émotion, de rire et d’action, à la hauteur de sa légende.

«Indiana Jones» et le classement final

5. «Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal» (2008)

C’est l’épisode mal-aimé de la saga. La faute à un scénario un brin too much, à des décors de carton-pâte, à des protagonistes peu excitants et des effets spéciaux numériques hideux. Dans le rôle du fils d’Indiana Jones, Shia LaBeouf agace plus qu’il ne plaît. Une erreur de casting fatale. Même Harrison Ford semble s’ennuyer. Heureusement, Cate Blanchett et Karen Allen sauvent la mise.

4. «Indiana Jones et le Cadran de la destinée» (2023)

Tout en proposant tout ce que l’on aime dans un «Indiana Jones», cet ultime épisode ose la nostalgie. Mais sans trop en faire, avec délicatesse. Harrison Ford, en forme, compose un archéologue vieillissant mais qui n’a pas dit son dernier mot. Son duo avec Phoebe Waller-Bridge fonctionne très bien. On regrettera juste une participation fugace d’Antonio Banderas, une poursuite en tuk-tuk un peu longue. Et Ethann Isidore, dans le rôle du gamin insupportable, inutile. Mais ce ne sont-là que des détails. Le film aurait pu surpasser «Le Temple maudit» dans ce classement. Mais…

3. «Indiana Jones et le Temple maudit» (1984)

Ce film s’ouvre sur une scène totalement géniale, dans un club de Shanghaï. Spielberg y fait preuve d’une virtuosité folle. Sinon, cette aventure se laisse regarder avec plaisir. Elle est beaucoup plus sombre que le film précédent, «Les aventuriers de l’Arche perdue». Plus violente aussi. C’est la raison pour laquelle elle est, pour certains, mal-aimée. Cette plongée sanguinaire chez les affreux Thugs, amateurs de magie noire, reste toutefois dans le Top 3. Mais de justesse.

2. «Indiana Jones et la Dernière croisade» (1989)

Dans cet épisode, Indiana Jones retrouve son père, Henry (Sean Connery, formidable). Cela donne des scènes d’une drôlerie mais aussi d’une émotion folles. À peine moins rythmée que le premier film, cette «Dernière croisade» déploie toute la palette possible dans le domaine du divertissement. On retiendra également la scène d’ouverture qui raconte un peu de la jeunesse de l’archéologue.

1. «Les aventuriers de l’Arche perdue» (1981)

Le premier film, fondateur de la saga. Imbattable. Rythmé du début à la fin, bourré de scènes cultes (comme la grosse boule de pierre qui fonce sur Indy, dans une grotte), il permet à Spielberg de faire entrer le professeur Jones directement dans la légende du cinéma. Harrison Ford et Karen Allen forment un duo épatant. On s’incline, définitivement.

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