CoronavirusNouvelle campagne pour le vaccin: «c’est déjà mieux»
L’OFSP ressort affiches et clips pour pousser les jeunes à passer par la case piqûre. Après deux récents ratés, le message s’est amélioré, selon un publicitaire.
- par
- Michel Pralong
À peine un mois et demi après une campagne d’affichage en faveur de la vaccination contre le coronavirus, l’Office fédéral de la santé publique en dégaine une nouvelle. Parce que la précédente a complètement raté sa cible? Cela, l’OFSP ne le précise pas, mais explique vouloir s’adresser aux adolescents et jeunes adultes, ce qui était déjà censé être le cas avec celle d’avant.
Cette fois, le «À ne pas manquer: faites-vous vacciner» a laissé la place à «Mieux vaut se faire vacciner» et joue sur tous les inconvénients que l’on a à ne pas passer par la case piqûre. Enfin, pas tous: pas question ici d’aborder les risques pour sa santé et celle des autres en cas de non-vaccination. Affiches et clips mettent l’accent sur les désagréments engendrés par les mesures sanitaires tels les tests et la quarantaine. L’OFSP le dit d’ailleurs dans son communiqué: «la vaccination protège contre la maladie et sa transmission; elle facilite aussi le quotidien».
«C’est courageux d’en refaire une si vite»
Nous avons une nouvelle fois soumis cette campagne à l’œil d’un professionnel de la communication, notamment dans le domaine de la santé, Olivier Kennedy de l’agence Enigma. «C’est bien mieux qu’avant, reconnaît-il d’emblée. L’ancienne n’était vraiment pas top. En refaire une si vite, c’est courageux de leur part. Et c’est aussi une bonne chose, car il faut changer de message régulièrement, il faut de la nouveauté pour que notre cerveau la remarque».
Selon lui, cette campagne est un très bon complément au dispositif mis en place par le Conseil fédéral: «On a décidé de rendre invivable la vie aux non-vaccinés, donc là le message c’est qu’il existe une méthode pour se la simplifier, c’est de se vacciner. La prochaine étape pourrait être de montrer tout le bénéfice qu’apporte le vaccin. Le message pourrait alors être: «Viens de l’autre côté, rejoins-nous».
Olivier Kennedy approuve également l’utilisation des images pixélisées, surtout sur les affiches. «Comme s’il s’agissait d’images de la vie réelle que l’on aurait floutées, sous-entendu «Cela pourrait être toi». Cela ajoute en outre la notion du respect de l’anonymat». Ce qu’il regrette, en revanche, c’est que toutes ces campagnes de vaccination de l’OFSP ne soient pas différenciées par région linguistique. «On ne s’adresse pas de la même manière aux Alémaniques qu’aux Latins et je trouve que cette dernière campagne penche côté latin».
Il y a donc progrès tout de même. «Mais comment faire mieux? s’interroge le fondateur de l’agence Enigma. Il y a un problème que l’on occulte depuis le début, c’est la perte de confiance de la population envers les autorités, les institutions, la presse, les médecins. C’était déjà en cours depuis 3-4 ans et la crise liée à la pandémie a empiré la situation. En fait, il n’y a à peu près plus que dans l’entreprise dans laquelle ils travaillent que les gens ont confiance. Comment regagner cette confiance, notamment chez ceux auprès de qui les thèses complotistes ont trouvé un écho, qui se voient comme des résistants?»
Ce n’est en effet pas une campagne qui va convaincre les irréductibles, mais celle-ci vise sans doute plutôt les indécis. «Et leur montrer qu’il est possible de se simplifier la vie est une bonne option. On pourrait jouer sur la peur, sur les risques de ne pas se faire vacciner. Mais pas sur l’autodérision, comme ces clips à destination des réseaux sociaux que l’OFSP avait sorti le mois dernier. En Suisse, et notamment en Suisse romande, on ne se moque pas, cela ne passe pas du tout!»
Avant l’offensive
Cette nouvelle campagne précède une offensive pour la vaccination annoncée le 1er octobre par Alain Berset, qui prévoit notamment des consultations spécialisées et des bons cadeaux aux personnes qui en inciteront d’autres à aller se faire vacciner.