La Manche – Plainte pour «homicide involontaire» après la noyade de migrants

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La ManchePlainte pour «homicide involontaire» après la noyade de migrants

Le 24 novembre, près de 30 migrants ont perdu la vie dans le naufrage de leur embarcation entre la France et l’Angleterre. Une association attaque en justice le préfet et les secours des deux pays.

Les migrants tentent régulièrement la traversée de la Manche dans des conditions périlleuses et avec du matériel pas toujours fiable…

Les migrants tentent régulièrement la traversée de la Manche dans des conditions périlleuses et avec du matériel pas toujours fiable…

AFP

Une association a déposé une plainte, lundi, contre le préfet maritime et deux responsables des secours français et britanniques pour «homicide involontaire» et «omission de porter secours», après le naufrage qui a coûté la vie à 27 migrants, fin novembre, dans la Manche, qui sépare la France de l’Angleterre.

Cette plainte d’Utopia 56, révélée par le journal «Le Monde», a été déposée vendredi auprès de la procureure de Paris. Elle vise le préfet maritime Philippe Dutrieux, le directeur du Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) Gris-Nez, Marc Bonnafous, et la directrice des secours maritimes anglais (Her Majesty’s Coastguards), Claire Hughes.

«Selon les témoignages des deux personnes rescapées, de proches de personnes décédées et de personnes ayant réussi la traversée le même jour, «des appels de détresse auraient été portés aux services de secours français et anglais» avant la découverte des corps par un bateau de pêche», souligne l’association Utopia 56. Or, «aucun secours ne leur aurait été immédiatement apporté».

«Exclu» qu’un appel n’ait pas été traité

Début décembre, la préfecture maritime de la Manche avait exclu qu’un appel des migrants ait pu ne pas être traité par les secours en mer. Contactée lundi, elle s’est refusée à tout nouveau commentaire sur la plainte. Les investigations des juges d’instruction parisiens «établiront les faits», a affirmé une porte-parole. «Aucune situation inquiétante en mer n’est laissée en suspens, quel que soit le secteur de provenance de l’appel, d’autant plus qu’il s’agit de vies humaines», a insisté la préfecture maritime.

Les corps de 27 migrants – dix-huit hommes, sept femmes, un adolescent de 16 ans et une enfant de 7 ans, en majorité des Kurdes irakiens – avaient été repêchés le 24 novembre, dans la Manche. Ils étaient partis dans la nuit, à bord d’un bateau pneumatique, de Loon-Plage, près de Grande-Synthe (département du Nord), vers les côtes anglaises.

Que deux rescapés

Deux hommes seulement, un Kurde irakien et un Soudanais, selon le ministère français de l’Intérieur, ont pu être secourus. D’après le rescapé kurde irakien, 33 personnes se trouvaient à bord. Il avait rapporté à la chaîne kurde irakienne Rudaw que les migrants avaient téléphoné aux secours français et britanniques quand leur embarcation avait commencé à couler.

Selon lui, les secours n’avaient pas été déclenchés, Français et Anglais se renvoyant la responsabilité de l’intervention. La plainte souligne que ses propos ont été confirmés par le second rescapé.

Identification, circonstances, démantèlement

L’enquête pour «aide à l’entrée et au séjour irréguliers en bande organisée», «homicides et blessures involontaires» et «association de malfaiteurs» a été confiée, vendredi, à des juges d’instruction. Ces investigations «portent, depuis le début», sur «trois volets: l’identification des victimes, les circonstances du naufrage et le démantèlement des réseaux de passeurs», a indiqué le Parquet de Paris, précisant par ailleurs que la plainte était «en cours d’analyse».

Du 1er janvier au 25 novembre 2021, la préfecture maritime a comptabilisé 1281 événements liés à des traversées maritimes vers le Royaume-Uni, impliquant 33’083 personnes. Les autorités françaises ont secouru 8284 naufragés.

«Que toute la lumière soit faite»

(AFP)

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