Conflit en IsraëlA Tel-Aviv, un sit-in pour exiger la démission de «Bibi»
Des Israéliens se réunissent tous les jours devant le Ministère de la défense, à Tel-Aviv, pour exiger le départ du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, qu’ils jugent responsable.
Ils ne bougeront pas tant que les otages retenus à Gaza ne seront pas libérés et que Benyamin Netanyahou n’aura pas démissionné. Depuis l’attaque meurtrière perpétrée le 7 octobre par les islamistes du Hamas, un sit-in de dizaines d’Israéliens se relaient sans relâche devant le Ministère de la défense à Tel-Aviv.
Cette veille ininterrompue se tient avenue Kaplan à l’initiative d’un collectif créé pour dénoncer le «fiasco» de «Bibi», le surnom en Israël du Premier ministre, et exiger sa démission. Deux tentes aux panneaux latéraux relevés ont été dressées devant la façade de l’édifice. La plus grande fait face à l’entrée gardée par deux soldats qui filtrent les allées et venues. L’autre se trouve un peu plus haut sur l’avenue où des dizaines de milliers d’Israéliens ont manifesté à partir de janvier, chaque samedi soir pendant 39 semaines, contre une réforme judiciaire du gouvernement jugée «anti-démocratique».
Présence constante
Tout au long de la journée, du matin tôt et jusque tard dans la soirée, des dizaines d’Israéliens qui se sont passé le mot pour maintenir une présence constante, font signer des pétitions, distribuent des tracts et brandissent des pancartes hostiles au Premier ministre.
Plus à l’écart, un troisième barnum est tenu par des juifs religieux, des soutiens traditionnels de «Bibi» qui, pour certains, depuis le 7 octobre, souhaitent aussi son départ. «Tous ces gens (ndlr, les otages) doivent revenir à la maison. Ce gouvernement a échoué d’une façon colossale. Ces gens kidnappés (...), c’est insoutenable», dit en étouffant ses sanglots Mona Hanoch, 58 ans, en Israël depuis 15 ans et qui vient ici tous les jours sur son vélo manifester son opposition à «Bibi».
«Du sang sur ses mains»
«C’est une tragédie collective comme nous n’en avons jamais connue. J’ai fait confiance à cet homme (ndlr, M. Netanyahou) pendant 15 ans avec la vie de mes enfants», ajoute Mona Hanoch, une Américaine qui raconte qu’elle vivait à New York le 11 septembre 2001.
Elle reproche au Premier ministre, le plus pérenne de l’histoire d’Israël avec 16 ans cumulés à la tête du gouvernement, «son égo» et d’être «obsédé» par son «héritage». «C’est ça son héritage... Du sang sur ses mains», murmure-t-elle avant d’enfourcher son vélo.
A proximité, assise sur une chaise en plastique, Cindy Cohen, 65 ans, brandit une pancarte sur laquelle est inscrit: «Accord pour un échange de prisonniers maintenant». «Il faut libérer tous les otages en échange de tous les prisonniers (palestiniens) détenus par Israël», renchérit-elle. Benyamin Netanyahou «doit partir absolument. Il aurait déjà dû le faire. Il a déserté, abandonné son pays», ajoute-t-elle.
«Détestation»
Yaïr Dickmann, 63 ans, n’a pas manqué une seule manif depuis janvier. Il raconte que sa belle-fille a été assassinée le 7 octobre par le Hamas et que sa fille et sa compagne sont portées disparues depuis. «C’est pour ça que je suis là. Je ne peux accepter le fait qu’un homme avec trois procès sur le dos (ndlr, pour corruption) soit en charge des affaires de l’Etat. Notre pays a été kidnappé par un gouvernement illégitime. Je ne serai pas en paix tant qu’il ne sera pas parti», promet ce natif de Tel-Aviv.
Un jeune homme, Nati, 31 ans, brandit un drapeau israélien à l’adresse des automobilistes qui klaxonnent pour lui marquer leur soutien. «Dès la fin de cette guerre, nous descendrons dans la rue pour exiger le départ de Bibi», assure-t-il. «On nous a enlevé nos enfants et c’est sa responsabilité.»
Sous le barnum des religieux, Yossef Prisman, 29 ans, un Israélien portant une kippa noire sur la tête, crie sa «détestation» du Premier ministre, à la grande surprise des personnes alentour, les orthodoxes étant présents dans la coalition gouvernementale. «Il doit démissionner. Mais d’abord, je veux qu’on en finisse avec le Hamas, totalement, qu’on libère les otages, les familles. C’est ça qu’il faut faire», affirme-t-il.
A proximité, un homme agite une pancarte: «Les criminels de la débâcle de 2023 doivent être jugés».