FranceL’Ordre des médecins adresse un «blâme» au professeur Raoult
L’infectiologue marseillais a été sanctionné vendredi, pour avoir fait la promotion de l’hydroxychloroquine comme traitement contre le Covid-19.
Le professeur Didier Raoult a été sanctionné vendredi, à Bordeaux, d’un «blâme» par la chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins pour avoir enfreint le code de déontologie médicale en promouvant l’hydroxychloroquine contre le Covid-19, malgré l’absence d’effet prouvé.
La chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins de Nouvelle-Aquitaine, où l’audience avait été dépaysée loin de Marseille, n’a pas publié ses motivations, qu’elle réservera aux avocats, pour avoir prononcé cette sanction, la deuxième en importance après le simple avertissement alors que sa décision pouvait aller jusqu’à l’interdiction d’exercer.
Accusé de charlatanisme
«On s’attendait» à cette décision car «il était difficile de prononcer une interdiction étant donné que le professeur Raoult n’exerce plus», a expliqué Me Philippe Carlini, avocat de l’Ordre des médecins. En effet, Didier Raoult est à la retraite depuis le 31 août comme professeur d’université praticien hospitalier. Il ne devrait rester que quelques mois à la tête de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection (IHU) qui a enclenché depuis une semaine le processus de sélection d’un nouveau directeur.
Depuis fin 2020, l’infectiologue marseillais de 69 ans était visé par deux plaintes déposées par l’Ordre des médecins des Bouches-du-Rhône et le conseil national de l’Ordre des médecins. Il lui était reproché d’avoir fait la promotion de l’hydroxychloroquine pour traiter le Covid-19, «sans données scientifiques établies», ce qui s’apparente à du «charlatanisme». Le chercheur était aussi accusé d’avoir pris des «risques inconsidérés» en soignant des patients avec ce traitement «non éprouvé par la science», avait-elle ajouté.
Selon le principal intéressé, aucun patient ne s’est plaint
Présent début novembre, devant la chambre, Didier Raoult s’était estimé «pas concerné» par d’éventuelles «sanctions». «Ce sont les médecins qui se plaignent de nous, pas les patients», avait-il lancé à l’avocat des plaignants, assurant avoir reçu «plus de 600’000 patients» au sein de l’IHU durant la crise sanitaire, «sans aucune plainte» de leur part. Il avait défendu «la réussite» de son traitement conjuguant hydroxychloroquine et azythromicine pour traiter les malades du Covid-19, malgré l’absence d’effet prouvé aujourd’hui encore.
En plus de cette procédure, le professeur Raoult est visé, avec l’IHU, par plusieurs autres enquêtes sur les conditions dans lesquelles l’institut a conduit ses études autour du Covid-19. Ces investigations ont été ouvertes cette année après un article de «L’Express sur de «possibles manquements à la réglementation des essais cliniques».
Bientôt remplacé, après son départ à la retraite
Enfin, le 4 novembre, c’est le ministre de la Santé Olivier Véran et sa collègue de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Frédérique Vidal, qui ont demandé à l’Inspection générale des affaires sociales et l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche de mener «une mission de contrôle» à l’IHU.