Hockey sur glace: «Si je ne me fais pas siffler, ça veut dire que je suis un fantôme»

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Hockey sur glace«Si je ne me fais pas siffler, ça veut dire que je suis un fantôme»

Marc-Antoine Pouliot, héros de GE Servette et bourreau du HC Bienne jeudi soir, a essuyé les foudres de son ancien public. Avec une délectation discrète.

Simon Meier
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Simon Meier
Marc-Antoine Pouliot exulte à la Tissot Arena. L’ex-Biennois vient de jouer un très sale tour à ses anciennes couleurs.

Marc-Antoine Pouliot exulte à la Tissot Arena. L’ex-Biennois vient de jouer un très sale tour à ses anciennes couleurs.

Bastien Gallay

Un hockeyeur, ça joue des coudes et ça lève les bras. Mais ça ne bombe pas le torse avant l’heure. Alors Marc-Antoine Pouliot la jouait profil bas, jeudi soir dans les couloirs d’une Tissot Arena qui venait de le huer. L’attaquant de GE Servette, auteur d’un doublé lors de cet acte IV remporté par les Aigles (2-3), a permis à son équipe de revenir à deux succès partout dans cette formidable finale de National League, jouant ainsi un tour hautement pendable à ses anciennes couleurs (il a évolué six saisons dans le Seeland).

«Je suis content, c’est clair. Mais je ne serai vraiment content qu’à la fin, tempérait d’emblée le Canado-Suisse, au diapason d’un vestiaire soulagé mais pas euphorique. Comme je n’avais pas été très bon lors du premier match ici à Bienne, je n’étais pas satisfait et je tenais à m’impliquer davantage.»

«On peut me lancer des fleurs, mais j’ai aussi pris une mauvaise pénalité qui aurait pu coûter le match.»

Marc-Antoine Pouliot, attaquant de GE Servette

On peut dire que ce fut fait et bien fait, avec la complicité sur les deux goals (1-1 à la 19e, 2-3 à la 51e) de Roger Karrer à l’origine, puis d’Alessio Bertaggia à la passe. Et hop, double lucarne de Marc-Antoine Pouliot. Logiquement élu homme du match côté genevois, le centre de bientôt 38 ans refusait de tirer la couverture à lui: «On peut me lancer des fleurs, mais j’ai aussi pris une mauvaise pénalité qui aurait pu coûter le match», rappelait celui qui chauffait en effet le banc des punis lorsque Toni Rajala a inscrit le 2-2 en power-play.

«Pas plaisant»

«Ce n’est vraiment pas un sentiment plaisant, surtout en finale, d’être sur le banc quand ton équipe encaisse un but, admet volontiers Pouliot. Donc j’avais envie de donner tout ce que j’avais pour qu’on reprenne les devants.» Et s’offrir ainsi une nuit de sommeil plus paisible, sans compter le moment d’extase sous les yeux de nombre de ses proches.

Marié à une Biennoise, Marc-Antoine Pouliot a converti sa belle-famille aux Grenat. Mais il n’a pas soigné sa cote de popularité à la Tissot Arena, avec son doublé assassin. «Ce n’est pas la première fois que je suis sifflé ici, mais autant que ça, oui, notait l’intéressé dans une délectation discrète. En fait, j’adore. Si je ne me fais pas siffler, ça veut dire que je suis un fantôme sur la glace. Et si je me fais siffler, c’est parce que j’ai plutôt bien fait mon boulot.»

Rendez-vous samedi

Le public biennois a sifflé très fort, jeudi. Le destinataire a vite fait la sourde oreille, déjà focalisé sur la suite des opérations. «On est content d’avoir gagné et d’être de retour dans cette finale. Mais rien n’est fini et le prochain match est toujours le plus gros de la série, récitait le héros du soir. Là, voilà, c’est une série «best of 3» qui commence. On affronte un gros club, une grosse équipe, il ne faut jamais lâcher et aller chercher cette finale.»

Le prochain rendez-vous, c’est samedi aux Vernets pour l’acte V. Avec un Marc-Antoine Pouliot toujours aussi désireux de jouer des coudes et lever les bras, quitte à ne pas faire plaisir à ses anciens partisans.

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