YémenLes opérations de sauvetage d’un pétrolier à l’abandon vont commencer
Afin d’éviter une catastrophe écologique en mer Rouge, plus de 1 million de barils devront être transférés du «FSO Safer» vers un supertanker acheté par l’ONU.
L’opération de sauvetage d’un pétrolier au large du Yémen, cruciale pour éviter une marée noire en mer Rouge, peut désormais commencer, grâce à l’arrivée, mardi, d’une équipe chargée de sécuriser le «FSO Safer», abandonné depuis des années, a annoncé l’ONU.
Opération à 148 millions de dollars
Le transvasement de l’équivalent d’un peu plus de 1 million de barils du pétrolier vers le supertanker «Nautica», récemment acheté par l’ONU, ne commencera en revanche pas avant «peut-être dix jours, deux semaines», a précisé le coordinateur de l’ONU pour le Yémen, David Gressly, par vidéoconférence depuis le navire de soutien technique «Ndeavour», arrivé sur zone mardi.
En mars, pour éviter une marée noire en mer Rouge, l’ONU avait annoncé avoir acheté cet immense navire-citerne pour mener l’opération de sauvetage du pétrolier ancré au large du port stratégique de Hodeida (ouest du Yémen), qui risque à tout moment de se briser, d’exploser ou de prendre feu, selon des experts. L’opération inédite pour l’organisation, chiffrée au total à 148 millions de dollars, a été confiée à l’entreprise spécialisée SMIT Salvage, filiale du néerlandais Boskalis, qui doit réaliser le transfert du pétrole du «Safer» vers le «Nautica» et préparer le remorquage du pétrolier une fois vidé.
Pétrolier construit en 1976
Un navire de SMIT, le «Ndeavour», chargé de matériel spécialisé, notamment pompes et générateurs, est arrivé près du pétrolier mardi et commencera mercredi la sécurisation du «Safer», dont les systèmes ne sont plus opérationnels. «Aujourd’hui marque un jour spécial. Beaucoup d’entre vous ont suivi la saga du «FSO Safer», et vous allez voir qu’avec l’arrivée du «Ndeavour» près du «FSO Safer» en mer Rouge, nous avons vraiment atteint une étape décisive», a commenté Achim Steiner, patron du Programme de l’ONU pour le développement (PNUD), à la manœuvre dans ce dossier. «Si tout se passe comme prévu, vers fin juin-début juillet nous devrions pouvoir dire que la phase cruciale du transfert de navire à navire est terminée», a-t-il ajouté.
Construit en 1976, le «FSO Safer», qui sert de terminal flottant de stockage et de déchargement, n’a pas été entretenu depuis 2015, alors que le Yémen est plongé dans une des pires crises humanitaires du monde en raison de la guerre qui oppose le pouvoir aux rebelles Houthis.
Potentielles conséquences catastrophiques
Selon l’ONU, le «Safer» contient quatre fois la quantité de pétrole de l’«Exxon Valdez», le pétrolier qui a provoqué en 1989 une des plus grandes catastrophes environnementales de l’histoire des États-Unis. En cas de marée noire, l’ONU estime à 20 milliards de dollars le coût du seul nettoyage et met en avant les potentielles conséquences environnementales, économiques et humanitaires catastrophiques.
Au total, l’opération, dont le coût a explosé en raison de la guerre en Ukraine, est chiffrée à plus de 140 millions de dollars, en grande majorité pour le sauvetage, qui sera suivi par une deuxième phase qui inclut notamment le remorquage du «Safer» une fois vidé et la sécurisation du «Nautica». Il manque toujours 14 millions de dollars pour financer la première phase et 29 millions de dollars en tout, a précisé l’ONU.