Gaza: Israël accorde plus de temps aux Palestiniens pour évacuer le nord

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GazaIsraël accorde plus de temps aux Palestiniens pour évacuer le nord

Israël ne devrait pas lancer son offensive terrestre dans le nord de la bande de Gaza au cours des prochaines heures. Tsahal a en effet indiqué qu’elle laissait davantage de temps à la population pour évacuer la zone et rejoindre le sud du territoire.

Les Palestiniens fuient le nord de la bande de Gaza.

Les Palestiniens fuient le nord de la bande de Gaza.

AFP

Israël a continué samedi à appeler les Palestiniens à évacuer le nord de la bande de Gaza, leur laissant toutefois un peu plus de temps, avant une probable offensive terrestre, une semaine après l’attaque sans précédent du Hamas, qui a déclenché une guerre meurtrière. Israël a riposté à cette attaque menée le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir dans la bande de Gaza, en bombardant massivement ce territoire, d’où des roquettes continuent d’être tirées par le Hamas sur le territoire israélien.

Dans l’attente d’une offensive terrestre à laquelle Israël a dit se préparer, l’armée avait appelé vendredi les civils du nord du territoire --1,1 million de personnes sur un total de 2,4 millions d’habitants-- à gagner le sud, et les a pressés samedi à ne «pas tarder». Selon elle, le centre des opérations du mouvement islamiste palestinien se trouve dans la ville de Gaza (nord).

Mais un porte-parole de l’armée a indiqué samedi soir donner encore du temps aux Palestiniens pour partir dans le sud, et assuré que l’offensive terrestre ne démarrerait pas dimanche, pour des raisons humanitaires. Depuis vendredi, par milliers, des habitants fuient par tous les moyens, quelques biens entassés à la hâte, sur des remorques, charrettes, à moto, en voiture, à travers les ruines.

«Ça va continuer»

L’armée israélienne a également annoncé samedi soir avoir retrouvé dans la bande de Gaza «des cadavres» d’otages enlevés par le Hamas lors de son attaque. Elle a dit qu’ils avaient été trouvés lors d’incursions de l’armée dans ce territoire, sans plus de précisions. Le Hamas avait fait état plus tôt de 22 otages tués dans les bombardements israéliens.

Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, s’est rendu samedi auprès des troupes israéliennes près de la bande de Gaza. «Ça va continuer», a-t-il lancé à plusieurs soldats.

L’attaque du Hamas et la guerre qu’elle a déclenchée ont attisé les craintes d’une extension du conflit, et d’une catastrophe humanitaire pour la population de Gaza, soumise à un siège, privée d’approvisionnement en eau, électricité ou nourriture, et où des centaines de milliers de personnes ont déjà été déplacées.

Au moins 1300 personnes, pour la plupart des civils, parmi lesquels au moins 130 ressortissants étrangers ou binationaux, ont été tués en Israël depuis l’attaque du 7 octobre. Plus de 2200 Palestiniens, la plupart des civils, dont 724 enfants, selon les autorités locales, sont morts dans la bande de Gaza, un territoire pauvre coincé entre Israël et l’Égypte.

L’État israélien a indiqué avoir identifié au moins 120 personnes, civils, soldats et étrangers, qui ont été enlevées lors de l’attaque par le Hamas, classé organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël. Des centaines de personnes restent portées disparues, et des corps sont toujours en cours d’identification.

«Crimes de guerre»

Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a accusé samedi Israël de «crimes de guerre» à Gaza et dit refuser le «déplacement» des Palestiniens. Le mouvement palestinien est de son côté régulièrement accusé par Israël d’utiliser les civils comme boucliers humains. Israël a annoncé la mort de deux chefs militaires du Hamas, responsables selon l’armée de l’attaque du 7 octobre. Après avoir annoncé suspendre les discussions sur une éventuelle normalisation avec Israël, l’Arabie saoudite a appelé à un «cessez-le-feu immédiat».

Le président américain, Joe Biden, a dit à Netanyahou que les États-Unis œuvraient avec l’ONU et des pays du Moyen-Orient «pour veiller à ce que les civils innocents aient accès à l’eau, à la nourriture et aux soins médicaux». Plus tôt, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait réclamé un accès humanitaire «immédiat» à cette petite bande de terre, soumise à un blocus israélien depuis plus de 15 ans.

Et dans un appel téléphonique au président Biden, son homologue palestinien, Mahmoud Abbas, a lui aussi souligné la nécessité de «l’ouverture de corridors humanitaires dans la bande de Gaza, pour fournir des produits de base, fournitures médicales, de l’électricité et du carburant», selon l’agence de presse palestinienne Wafa. La tension est vive aussi à la frontière nord d’Israël, où l’armée israélienne a annoncé samedi avoir tué «plusieurs terroristes» qui tentaient de s’infiltrer. Le mouvement libanais Hezbollah, allié du Hamas, a annoncé la mort d’un de ses combattants dans des «frappes israéliennes» ou à l’issue d’«affrontements», et deux civils ont été tués dans un bombardement israélien dans le sud du Liban, selon un élu local.

«Erreurs»

Un journaliste vidéo de l’agence Reuters a été tué et six autres journalistes de l’AFP, Reuters et Al-Jazeera ont été blessés vendredi dans des bombardements dans le sud du Liban. L’armée israélienne s’est dite samedi «très désolée» de ce décès, indiquant «enquêter», sans reconnaître explicitement une responsabilité. L’armée libanaise l’a accusée d’être responsable du tir. Israël a indiqué en outre avoir frappé samedi soir à l’artillerie la Syrie après des alertes aériennes dans la partie du plateau du Golan annexé par Israël en 1967. Une ONG a également annoncé qu’une «frappe israélienne» a touché l’aéroport d’Alep (nord).

Le 7 octobre à l’aube, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, des centaines de combattants du Hamas avaient infiltré Israël à bord de véhicules et par les airs depuis Gaza. Ils ont tué plus d’un millier de civils, semant la terreur sous un déluge de roquettes lors de cette attaque d’une ampleur inédite depuis la création d’Israël en 1948. Environ 270 personnes, d’après les autorités, ont été tuées dans un festival de musique.

Le conseiller à la sécurité nationale du gouvernement israélien a reconnu samedi des «erreurs» des services de renseignement en amont des attaques. Des familles des otages ont lancé samedi soir un appel à l’aide, réclamant un accord entre le Hamas et la Croix-Rouge «d’ici minuit» pour acheminer en urgence les médicaments dont leurs proches ont besoin pour rester en vie.

«Désastre»

L’inquiétude est de plus en plus vive pour les habitants de la bande de Gaza, un territoire de 362 kilomètres carrés soumis à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a pris le pouvoir. L’Égypte contrôle la seule ouverture qui ne soit pas sous contrôle israélien, le point de passage de Rafah, actuellement fermé.

Du côté palestinien de cette localité frontalière, des dizaines de familles de déplacés gazaouis ont investi une école des Nations Unies, entassant linge, matelas et paquets dans les classes et la cour de récréation, a constaté un journaliste de l’AFP. Plus au nord, c’est dans la cour de l’hôpital Nasser, à Khan Younès que s’entassent des milliers de déplacés. «C’est un désastre, il n’y a rien à manger, nous ne savons pas où dormir, nous ne savons pas quoi faire et où aller», se lamente Juma Nasser, un quadragénaire.

Devant l’hôpital, assises à même le sol, des familles entières sont livrées à elles-mêmes, certains pleurent, d’autres affichent des visages effrayés et choqués. Plus de 423’000 Palestiniens ont déjà quitté leur foyer, et 5540 maisons ont été détruites, selon l’ONU. L’ONG Médecins sans frontières a exhorté samedi Israël à «faire preuve d’humanité» dans la bande de Gaza, parlant d’une situation «intolérable». Des Palestiniens tentant de fuir vers le sud du territoire à travers une zone que l’armée israélienne avait présentée comme sécurisée ont été tués dans des frappes israéliennes, ont affirmé samedi des témoins et des responsables du Hamas.

(AFP)

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