BasketballUn joueur étranger de Nyon a pris un vol sans retour
Appelé en sélection, le Colombien Romario Roque a profité de la fenêtre internationale pour quitter définitivement la Suisse. «Il n’était pas très à l’aise», glisse Jérémy Jaunin.
- par
- Jérémy Santallo
Il devait initialement ne partir que pour dix jours, à l’occasion d’une trêve internationale où il œuvre avec son pays d’origine, la Colombie. Mais Romario Roque ne remettra pas les pieds en Suisse, du moins pas en tant que joueur du BBC Nyon. Le bondissant arrière s’est envolé dimanche dernier avec toutes ses affaires. Ce n’est que mercredi soir qu’il a informé son entraîneur, Stefan Ivanovic, de sa décision, irrévocable.
«Il m’a écrit pour me dire qu’il voulait me parler de quelque chose. J’ai cru qu’il voulait rester un jour ou deux de plus avant de revenir ici, nous a confié le coach, tôt samedi matin. Mais non, il m’a expliqué qu’il ne reviendrait pas car il ne se sentait pas bien sur le plan personnel et qu’il était désolé. Il avait fait son choix bien avant de partir mais il a attendu plusieurs jours après son départ pour m’appeler. C’est regrettable.»
Stefan Ivanovic a bien tenté de raisonner son joueur, débarqué il y a deux mois sur la Côte et à qui il restait un contrat pour à peine plus de temps. Peine perdue. «Je lui ai dit qu’il était sous contrat, que c’était sa première expérience à l’étranger et que c’était tout sauf une bonne image pour son futur. Le timing est mauvais car il nous laisse tomber alors que c’est difficile de trouver quelqu’un à ce moment de la saison.»
Depuis son arrivée mi-décembre, Romario Roque n’a jamais pu, su, apprivoiser son nouvel environnement. «Il nous a fallu du temps pour nous adapter à lui mais c’était encore plus difficile pour lui apparemment, poursuit Stefan Ivanovic. On savait qu’on prenait un risque avec un jeune qui n’était jamais sorti de son pays. Quand il est parti dimanche, certains se sont d’ailleurs demandé s’il allait revenir…»
Son coéquipier Jérémy Jaunin est l’un d’eux. «C’est vrai, je me suis dit que c’était une possibilité, concède le général de l’équipe. Il n’était pas très à l’aise car il ne pouvait communiquer qu’en espagnol avec Khadim (Sow) et Stefan (Ivanovic). Avec tous les autres, les conversations tournaient court. En tant que meneur, c’était dur pour moi. J’avais l’impression qu’il ne comprenait rien de ce que je lui disais.»
Khadim Sow ne sait rien
Auteur en moyenne de 18 points en 24 minutes sur ses sept matches de SB League, Romario Roque a tenu un rôle prépondérant dans la qualification du club pour la finale de la Coupe de Suisse. «À Monthey, je me suis dit qu’il avait peut-être eu un déclic, car il a vraiment fait un match parfait, dans le scoring tout en partageant le ballon, se remémore Jaunin. Mais cela n’a pas été suffisant, sans doute, pour lui.»
Colocataire du Colombien pendant son court séjour à Nyon, Khadim Sow affirme ne pas savoir pourquoi son compagnon d’appartement est parti. «Il ne m’a rien dit, lâche la montagne sénégalaise de 210 cm, qui gardera le souvenir d’un bourreau de travail au quotidien. «Outre le fait que c’était une bonne personne, il était tous les jours à la salle ou au fitness. Et je reconnais que c’était très motivant pour moi.»
Dans quelques jours, Khadim Sow verra débarquer Isiah Umipig chez lui. L’arrière américain (29 ans, 183 cm) évoluait en 1ère division ukrainienne avant l’arrêt du championnat cette semaine. «Il fallait que l’on agisse très vite dans la perspective d’obtenir ses papiers pour le début du 3e tour, note son futur coach Stefan Ivanovic. Il a un profil un peu différent de Romario, plus shooteur de ce que j’ai vu.»
C’est déjà la deuxième fois cette saison que les choses tournent mal entre le club et un joueur étranger. À la fin novembre, George Beamon avait quitté Nyon pour les États-Unis, en froid avec Ivanovic. «Est-ce que c’est moi qui ai aussi fait partir Romario? Je ne pense pas, même si j’ai ma part de responsabilité, concède le technicien. Mais je ne veux plus m’attarder là-dessus. On a déjà tourné la page.»