JuraLes stalactites résistent aux secousses, pas les chauves-souris
En dix jours, une troisième secousse a secoué la terre en profondeur, près des grottes de Réclère. De nombreuses chauves-souris sont sorties de leur hibernation.
- par
- Vincent Donzé
«En trois secondes, je suis sorti dans la rue avec toute ma famille, comme tous mes voisins», raconte Éric Gigandet, gérant des grottes de Réclère, un village situé à l’épicentre d’un tremblement de terre de magnitude 3,2 survenu ce mardi matin. Cette secousse est la troisième ressentie en dix jours, après celle du 25 décembre d’une magnitude de 4,1, suivie dans l’après-midi d’une réplique de 3,3, avec un épicentre situé dans un premier temps à Damvant, avant d’être recentré à Réclère.
La secousse qui s’est produite ce mardi à 1 h 38 à une profondeur de 6,5 kilomètres a-t-elle abîmé des stalactites ou des stalagmites dans les grottes? «Impossible: ces formations qui grandissent goutte après goutte, c’est du solide!» estimait ce matin Michel Baconat, maire de Haute-Ajoie, réveillé lui aussi tandis que ses trois chats cherchaient à fuir. Confirmation par Éric Gigandet: «Pas un caillou n’a bougé dans cet univers stabilisé depuis des milliers d’années».
«Il en faut plus, tout ce qui devait tomber est tombé lors d’une secousse d’une magnitude de 5,5», reprend Éric Gigandet. «La dernière fois qu’il y a eu des dégâts, c’est en 1356, lorsqu’un séisme a détruit la ville de Bâle», sourit-il.
Il fait constamment 7° dans les grottes, mais leur accès fermé en hiver: «Il faut préserver les chauves-souris», indique Éric Gigandet. Si les trois chats de Michel Baconat ont tenté de fuir ce matin à 1 h 38, qu’ont fait les 150 chauves-souris des grottes? «Elles ont bougé, mais pas toutes», suppose Éric Gigandet.
Lors du dernier comptage par l’association «Bat-Voulaint», après les secousses du 25 décembre, 40% des chauves-souris avaient bougé, alors qu’elles ne sont habituellement que 10% à changer de place en un hiver. Est-ce la faute du tremblement de terre, où de la température extérieure supérieure à celle des grottes? Difficile à dire.
Quelle que soit la cause d’un réveil, la conséquence est le même pour l’animal: «Une chauve-souris a besoin d’énergie pour retourner en hibernation. Après trois réveils, ses provisions ne suffisent plus à sa survie», rapporte Éric Gigandet. La crainte est grande à Réclère, un site abritant de nombreuses variétés de chauves-souris.