Monténégro: tournant historique sur la scène politique

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Monténégro«C’est la soirée que nous avions attendue pendant plus de trente ans»

La scène politique du pays des Balkans a été bouleversée dimanche par la défaite à la présidentielle du vétéran Milo Djukanovic après trois décennies de règne.

Jakov Milatovic (au centre) a obtenu 60% des voix.

Jakov Milatovic (au centre) a obtenu 60% des voix.

AFP

Un jeune économiste novice en politique et proeuropéen a remporté largement dimanche l’élection présidentielle au Monténégro. «Avec tous les citoyens (…), nous avons dit ce soir un «non» crucial à la criminalité et à la corruption», s’est félicité Jakov Milatovic, 36 ans. «C’est la soirée que nous avions attendue pendant plus de trente ans. Que cette victoire nous porte bonheur à tous!» a-t-il poursuivi devant ses partisans en liesse. «Nous allons arrimer le Monténégro à l’Union européenne au cours des cinq prochaines années», a-t-il promis.

Milatovic a obtenu 60% des voix contre 40% à son rival, selon les projections de l’ONG CeMI portant sur la quasi-totalité des bureaux de vote. Les résultats officiels sont attendus plus tard dans la semaine. Le président sortant Milo Djukanovic, 61 ans, a reconnu sa défaite. «Le Monténégro a choisi. Je respecte ce choix. Je félicite Jakov Milatovic», a-t-il dit. «Je veux que Milatovic soit un président performant car cela signifiera que le Monténégro pourra être un pays performant», a-t-il ajouté.

Dans les rues de Podgorica et d’autres villes du pays, les partisans du candidat du mouvement «Europe maintenant» ont célébré sa victoire à coups de klaxon et avec des feux d’artifice. Au Monténégro, le président a essentiellement un rôle de représentation et le Premier ministre détient les principaux leviers du pouvoir. Des élections législatives anticipées sont prévues 11 juin après des mois de blocage. Le gouvernement actuel a été renversé par une motion de censure en août 2022 mais continue de gérer les affaires courantes.

Milo Djukanovic était depuis plus de 30 ans un incontournable de la scène politique du Monténégro, exerçant à de multiples reprises les fonctions de Premier ministre ou de président.

Promesse d’adhésion à l’UE

C’est son plus important revers depuis la défaite historique de son parti, le Parti démocratique des socialistes (DPS), aux dernières législatives de 2020. Depuis lors, le pays allait de crise en crise, avec la chute de deux gouvernements. Djukanovic était arrivé aux commandes en 1991, à l’âge de 29 ans, soutenu par l’homme fort de Belgrade Slobodan Milosevic aux débuts des sanglantes guerres qui allaient faire éclater l’ancienne Yougoslavie.

À mesure que la Serbie devenait un paria sur la scène internationale, il avait su prendre ses distances. Il s’est rapproché de l’Occident, rompu avec Belgrade et obtenu l’indépendance du Monténégro lors d’un référendum en 2006. Son pays a rejoint l’Otan, est devenu candidat à l’Union européenne et est sorti de la sphère d’influence russe. Il a aussi cherché à limiter l’influence de la Serbie et à consolider une identité nationale séparée du Monténégro. Une tâche peu aisée dans un pays où un tiers des habitants s’identifient comme serbes.

Mais ses détracteurs l’accusent de clientélisme, de corruption généralisée et de liens avec le crime organisé, ce que l’intéressé dément avec force.

(AFP)

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