VaudCrash à la Dent de Vaulion: «Mon frère était libre dans le ciel»
Cofondateur de la Network Academy, Patrick Iarca, 37 ans, est le pilote qui s’est tué vendredi dernier. Sa sœur témoigne.
- par
- Evelyne Emeri
«Patrick, c’était le meilleur homme au monde. Il était très attentionné. Il n’avait pas une once de méchanceté, il était tellement gentil.» Irène, sa sœur, fond en larmes. C’est l’imparfait qui prévaut depuis le crash qui a emporté son frère vendredi 23 septembre vers 19 h 50. Elle tient pourtant tellement à lui rendre hommage. Elle souhaite que les gens sachent qui il était: «Il était aimé de tous et très apprécié. Il était toujours présent pour les autres. Tout son entourage est révolté par son départ fulgurant».
«Il était très investi»
«Nous sommes d’origine roumaine, mais nous sommes nés ici et avons grandi dans le Nord vaudois. Mon frère était quelqu’un de très sérieux, de droit, la tête sur les épaules, très investi, très ambitieux, très indépendant, poursuit sa cadette, Il voulait absolument lancer sa propre entreprise (ndlr. Star-Way Informatique, service et dépannage, Yverdon). Il a aussi cofondé une entreprise de goodies, il travaillait avec la Chine et Hong Kong. Il a encore cocréé la Network Academy à Lausanne, spécialisée dans le réseautage et la formation professionnelle.»
Karatéka
Des passions, il en aura eu plusieurs. Le karting à l’adolescence, une graine de champion. Mais, depuis enfant, c’est le karaté qui le séduisait plus que tout. «C’est une philosophie qui lui allait bien. Pour lancer ses entreprises, il s’est du reste beaucoup inspiré de la culture asiatique. Il a aussi créé une école de karaté à Grandson (VD) pour les enfants et les adultes. L’aviation, ça nous a un peu surpris. Il avait son brevet depuis environ deux ans et demi, détaille Irène, Il pratiquait souvent, il voyageait (Sardaigne, Corse, Monaco, Nice).»
«Jamais de risques»
À l’aérodrome d’Yverdon, plusieurs personnes se sont étonnées qu’il s’envole si tardivement avec un Tecnam P2002, un biplace qui se pilote à vue et donc interdit de vols de nuit. «Il s’était formé il y a environ six mois pour les vols de nuit…», se désole la sœur de la victime. Plus loin: «Il se sentait apaisé et libre dans le ciel. Il était très méticuleux et fier. Il a même réussi à m’emmener, moi qui ai une phobie des avions. Il était à la pointe, il ne prenait jamais de risques et ne commettait aucune erreur.» Les experts du Service suisse d’enquête de sécurité (SESE) diront pourquoi sa machine a percuté de plein fouet cette face abrupte de la Dent de Vaulion.
Rejoindre les étoiles
Demain vendredi 30 septembre, une cérémonie pour honorer la mémoire de Patrick Iarca aura lieu à Yverdon. L’avis de décès a été publié mercredi. Sa famille fait part de son immense chagrin de la perte irréversible de l’être aimé. Elle dit, surtout et tout en délicatesse, «qu’il est parti rejoindre en paix les étoiles en avion».