Football: NE Xamax, les pieds au-dessus du vide avant le barrage

Jamais un club «historique» du paysage romand n’a connu une relégation sportive le propulsant hors de Ligue nationale. Ni le FC Sion, ni le Servette FC, ni le Lausanne-Sport. Et, pour l’instant, ni Neuchâtel Xamax. Deux ans seulement après avoir évité de devenir le premier de ce quatuor à vivre ce déshonneur lors de l’ultime journée de Challenge League, le club de la Maladière remet les pieds au-dessus du vide. Le dernier fil qui le retient encore au monde professionnel prend la forme d’un barrage sur deux matches contre Rapperswil, 5e d’un championnat de Promotion League qui s’est achevé samedi. Son issue changera l’avenir des Neuchâtelois.

À l’image d’une équipe de hockey qui se sait condamnée au play-out, Neuchâtel Xamax a rapidement dû se rendre à l’évidence: toute sa saison se jouerait sur deux matches. Ceux de mercredi et de samedi. C’est dans cet ordre d’idée que le club a fait appel à Uli Forte, fin avril. Dès son intronisation, le nouveau coach a tenu un discours clair, bien loin des classiques et illusoires «tant que la situation n’est mathématiquement pas décidée, il reste de l’espoir». Non, l’ancien entraîneur d’Yverdon Sport a focalisé sa méthode et ses mots en direction des barrages. Quitte à bâcler certains matches.

Par certains matches, on pense surtout à celui de samedi face à Vaduz, lâché 6-1. Un mauvais signal avant le duel aller et retour de tous les dangers? Disons que cela participe peut-être à renforcer le sentiment saint-gallois qu’il existe pour Rapperswil une vraie brèche exploitable pour retrouver la Challenge League. Reste qu’il faut surtout voir en cette claque l’une des dernières pièces du puzzle d’Uli Forte. Le pic de forme de son équipe n’était pas visé pour le week-end dernier, mais pour les quatre jours qui se présentent. Il est question ici de charges d’entraînement. Voilà aussi pourquoi les Rouge et Noir ont aligné une formation privée de plusieurs titulaires face à Vaduz. Le plan devra porter ses fruits en barrages.

Sachant que Neuchâtel Xamax s’est vu débouté par le Tribunal arbitral du sport début avril, les Xamaxiens auraient tout à fait pu disputer le barrage à venir face au 12e de Promotion League, par exemple. Neuchâtel souhaitait faire valoir le règlement de la Swiss Football League – qui prévoit la tenue d’un barrage uniquement si une équipe de troisième division obtient sa licence et termine la saison en position de barragiste (en l’occurrence 3e). Le TAS s’est lui appuyé sur le règlement de l’Association suisse de football, voulant que si trois équipes de Promotion League au moins obtiennent leur licence, la troisième dispute dans tous les cas les barrages, peu importe son classement. C’est ainsi que Rapperswil, 5e à l’issue de la saison régulière, se dresse sur la route des Neuchâtelois. Sans la confiance qui caractérise habituellement ces équipes-là. Mais avec une vraie chance à jouer.

Relégué de Challenge League à l’issue de l’exercice 2018/2019, le FC Rapperswil-Jona appartient au giron des bonnes équipes de Promotion League, sans en être une tête d’affiche. Coachée par David Sesa (ex-Bellinzone et Al Ahly, en Egypte), la formation du Grünfeld s’appuie sur plusieurs éléments qui détonnent. Son gardien, Diego Yanz, en première équipe depuis 2006. Le Genevois André Ribeiro, qui cherche à y rebondir après des passages à Saint-Gall et Grasshopper. Ou encore Oan Djorkaeff, fils du champion du monde français de 1998 Youri Djorkaeff, qui vit sa deuxième expérience en Suisse, après y avoir débarqué en 2020 à Kriens. En 15 matches cette année, l’ailier a inscrit 8 buts pour 6 passes décisives.

Sa blessure à la Tuilière au début du mois avait fait craindre la plus triste des fins pour Raphaël Nuzzolo. Touché à l’ischio, le buteur maison de NE Xamax a remporté son contre-la-montre et se trouve rétabli pour les deux dernières échéances. De la saison et de sa carrière. Son ultime défi avec le club pour lequel il a tant brillé apparaît là. Ses 7 réussites (et 6 assists) prouvent que «Nuzz» possède encore le pouvoir de faire basculer un match par ses qualités. Pour cela, il faudra que son attitude corporelle, pas toujours irréprochable ces derniers mois, laisse transparaître une motivation de tous les instants.