Abus sexuels: Les réactions confuses de Mgr Charles Morerod

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Abus sexuelsLes réactions confuses de Mgr Charles Morerod

L’évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg est venu sur le plateau du «19:30», sur la RTS, pour réagir à la crise que traverse son Église. Et aux accusations portées contre lui.

Eric Felley
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Eric Felley
Mgr Charles Morerod sur le plateau du «19:30», mercredi soir 13 septembre 2023.

Mgr Charles Morerod sur le plateau du «19:30», mercredi soir 13 septembre 2023.

RTS

Depuis les révélations du week-end dernier sur l’ouverture d’une enquête contre six évêques suisses et la publication mardi du rapport de l’Université de Zurich, l’Église catholique est au centre de l’actualité concernant les abus sexuels et l’omerta qui a régné sur ces pratiques.

Pire, mercredi, c’est l’abbé de Saint-Maurice, Jean Scarcella, qui annonçait son retrait, car il est lui-même visé par des accusations récentes. L’évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, Charles Morerod, est aussi pris dans la tourmente, car il aurait promu un prêtre, sachant que celui-ci avait un passé discutable.

Mercredi, Charles Morerod a réagi à cette situation au «19:30» sur la RTS. Commentant le rapport accablant et la souffrance des victimes, il a reconnu: «Ce sont des vies brisées, et la figure sacralisée du prêtre, sacralisée à l’excès, a contribué aux abus, y compris du fait que les parents ne voulaient pas que leurs enfants parlent».

Il a relevé que c’est la Conférences des évêques suisses qui a demandé l’étude de l’Université de Zurich, comme par le passé avec l’Institut Marini: «Le but est le même. D’une part dire aux victimes: on vous croit, puisqu’on niait jusque-là, très souvent. Et d’autre part, on essaie de comprendre comment ça peut arriver. Cela a pour but de pouvoir, pour le moins, limiter le phénomène».

«Jamais je n’ai voulu couvrir le moindre abus»

Il s’est exprimé aussi sur les accusations portées contre lui, dans le cadre de l’enquête menée par l’évêque Joseph Bonnemain, sous la supervision du Vatican, à la suite des dénonciations de l’ancien vicaire du diocèse, Nicolas Betticher. Selon ce dernier, il aurait promu un ecclésiastique qui avait un passé suspect: «Je ne vois pas très bien qui j’aurai promu, a répondu d’abord Charles Morerod. Je ne sais pas de qui il s’agit. Jamais je n’ai voulu couvrir le moindre abus, bien au contraire. Il y a une enquête en cours, et bien qu’elle se fasse».

«Une balle dans le pied»

Mais le journaliste Philippe Revaz est revenu sur une nomination à la cathédrale de Fribourg il y a deux ans. Il y avait déjà eu un début de scandale: «Ah oui, c’est bien le même cas, s’est soudain souvenu Charles Morerod. Je l’ai su après la nomination… Évidemment Nicolas Betticher dit que je le savais avant… Quelque chose, je l’ai su avant, puisque le prêtre nommé me l’avait lui-même dit, mais en atténuant beaucoup (…) Ensuite, ce problème a été réglé avec Monseigneur Genoud».

Les versions divergent donc entre celle de Nicolas Betticher et celle de l’évêque: «Il va falloir laisser l’enquête suivre son cours, a poursuivi Charles Morerod. Mais ce qui est sûr est que je n’ai pas souvenir qu’il m’ait dit une chose pareille. Si tel était le cas, j’aurais peut-être agi autrement, parce que je me tire aussi une balle dans le pied».

Finalement, Charles Morerod a évoqué la crise de confiance que cette situation cause chez les fidèles et dans la population: «Quand j’ai rencontré des victimes, ce qui m’est quand même arrivé environ soixante fois, qui m’ont dit qu’on a de la peine à vous faire confiance, je comprends bien… Je penserai la même chose à votre place…» Ce furent ces dernières paroles, suivies d’un lourd silence.

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