DiscriminationsUne blague raciste au boulot? Deux tiers des salariés ne pipent pas mot
Les Suisses se disent prêts à s’engager contre le racisme, mais réagissent peu dans les cas flagrants. Le ressenti des discriminations augmente en outre chez les jeunes.
- par
- Yannick Weber
Vous êtes témoin d’un acte de profilage racial de la part d’un policier, d’une blague raciste au boulot ou d’un étranger qui se fait insulter dans le train, que faites-vous? Selon un sondage, 80% de la population dit être disposée à s’engager contre le racisme. Or la part des personnes qui disent qu’elles interviendraient dans les trois cas décrits ici chute à 8%.
C’est un des résultats de l’enquête sur le vivre-ensemble de l’Office fédéral de la statistique (OFS), publiée jeudi. Dans le détail, deux tiers des salariés n’interviendraient pas du tout s’ils entendaient une blague raciste sur leur lieu de travail. La part des personnes qui se manifesteraient augmente un peu pour les transports publics. Là, un passager sur deux dit vouloir se mêler d’une situation où un autre passager est insulté de façon raciste.
Agir contre le racisme? Jamais
Et pas tout le monde réagirait de la même façon dans les mêmes circonstances. «En étant témoin d’une blague raciste contre un collègue, les femmes interviennent plus fréquemment (41%) que les hommes (25%)», relève l’OFS. La tendance s’inverse dans les transports, où les hommes s’en mêlent un peu plus souvent que les femmes. Par contre, dans tous les cas, les personnes issues de la migration sont bien plus enclines à intervenir que les Suisses.
L’OFS a listé différentes façons d’agir contre le racisme en général. S’engager dans un groupe, dénoncer des propos, contacter les médias ou même simplement signer une pétition. Et pourtant, «environ 20% de la population dit ne pas vouloir entreprendre d’actions pour lutter contre le racisme. Ces personnes ne souhaitent s’engager via aucune des formes d’actions proposées», est-il constaté.
Jeunes sensibles à la discrimination
L’enquête s’est aussi penchée sur le ressenti des discriminations. Au total, «près d’une personne sur trois en Suisse déclare avoir été victime de discrimination ou de violence», note l’OFS, un chiffre stable par rapport aux précédentes enquêtes. Par contre, les jeunes déclarent de plus en plus souvent en subir. «Les valeurs chez les 15 à 24 ans sont frappantes: 54% de ces jeunes déclarent avoir été victimes de discrimination ou de violence. Par rapport à 2020, ce taux a augmenté de six points de pourcentage (48% en 2020). Les personnes issues de la migration sont également au-dessus de la moyenne.»
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