Votation du 13 février: tout sur les animaux de laboratoire

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Votation du 13 févrierCes animaux de laboratoire si indispensables

La Suisse doit-elle renoncer à l’expérimentation animale et se priver des produits qui en bénéficient? Au Parlement, même les Vert.e.s ont refusé de suivre la ligne abolitionniste de l’initiative.

Eric Felley
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Eric Felley
Quel avenir pour les souris de laboratoire après la votation du 13 février 2022?

Quel avenir pour les souris de laboratoire après la votation du 13 février 2022?

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C’est une thématique ultrasensible que soulève l’initiative soumise au vote le 13 février prochain. Elle vise à interdire l’expérimentation animale dans la recherche en Suisse, ainsi que l’importation ou l’exportation de tous les produits qui auraient bénéficié de ces recherches. Cette initiative a été lancée par des citoyens de Saint-Gall en 2017 et déposée en 2019. En Suisse romande, elle a le soutien de la Ligue Suisse contre l’expérimentation animale et pour les droits des animaux (LSCV) fondée à Genève en 1883.

En la matière, la LSCV se dit totalement «abolitionniste»: «Il y a suffisamment d’exemples qui démontrent que la recherche sur les animaux n’est pas seulement une pratique cruelle, écrit-elle, mais aussi un moyen de recherche qui freine l’innovation.» L’initiative propose ainsi d’engager davantage de moyens dans la recherche de type 3R (pour replace, reduce and refine), qui promeut des méthodes de substitution: «Les approches substitutives sans expérimentation animale doivent bénéficier d’aides publiques au moins équivalentes à celles dont bénéficiait précédemment l’expérimentation animale».

Les chiffres de la recherche animale

L’expérimentation animale, ce sont d’abord des chiffres. Le dernier rapport statistique sur le sujet indique que 556 107 animaux ont été utilisés en 2020 dans des expériences, en diminution de 2,8% par rapport à l’année précédente. Depuis 2015, l’utilisation d’animaux affiche une baisse globale de près de 18%. À noter que l’année dernière, 1 328 animaux ont été utilisés pour des recherches sur le coronavirus et le Covid-19. Les souris représentent les animaux les plus utilisés (62,3% des cas), suivies des oiseaux et des volailles (11,9%), des rats (9,5%) et des poissons (6%). Quant aux primates, il en a été utilisé 190 en 2020. Par ailleurs, 80 millions de francs d’argent public sont alloués pour la gestion des animaleries dans les centres de recherche.

Éthique et souffrance animale

Au Parlement, l’initiative a fait un flop. Même auprès des représentants des Vert.e.s, elle n’a pas trouvé grâce. Pour le Genevois Nicolas Walder (Vert.e.s/GE): «La souffrance animale générée par l’homme pose un problème éthique et cette souffrance, lorsqu’elle résulte de cruauté ou qu’elle est inutile, est inacceptable. Mais, tout en soulevant les bonnes questions, cette initiative propose malheureusement des solutions irréalisables. Car en interdisant sans exception toutes les expérimentations animales, toutes les expérimentations humaines et toutes les importations qui sont liées à des expérimentations animales ou humaines, ce texte serait tout simplement impossible à mettre en œuvre».

Recherches contre le Covid-19

Son collègue socialiste Baptiste Hurni (PS/NE) s‘est exprimé dans le même sens: «Au-delà de l’indéniable sympathie que l’on peut avoir pour cette initiative, il convient de souligner que, malheureusement, la science ne peut pas aujourd’hui se passer complètement de l’expérimentation animale. Prenez les vaccins qui constituent notre seule chance d’une sortie rapide de la pandémie de Covid-19: ils ont tous été développés à l’aide de l’expérimentation animale, par exemple le vaccin Pfizer, dont les phases initiales ont été testées sur des macaques».

«Une législation des plus exigeantes au monde»

Même son de cloche chez le ministre de la Santé, Alain Berset: «Nous partageons l’objectif général de cette initiative, qui est de réduire la souffrance animale en limitant au maximum le nombre d’expérimentations. Nous sommes engagés depuis longtemps sur cette voie, sur le plan suisse. Nous avons, cela a été dit à plusieurs reprises, une des législations les plus exigeantes au monde. Nous avons divisé par quatre le nombre d’animaux utilisés dans les expérimentations durant les dernières 20 années. Beaucoup de choses ont donc déjà été réalisées».

Des objectifs plus ambitieux

Si l’on ne peut pas se passer de l’expérimentation animale, il faudrait cependant investir davantage dans la recherche qui ne l’utilise pas: «Il faut investir massivement dans les technologies éthiques basées sur le principe des 3R, a plaidé Nicolas Walder au Parlement. Le programme national de recherche 79 est un pas dans ce sens. Il est à saluer. Mais il reste malheureusement insuffisant pour atteindre des objectifs ambitieux. Il faut que les financements publics soient dirigés en priorité vers ces technologies de recherche. Il faut travailler sur la réduction du degré de souffrance des animaux utilisés».

Les Vert.e.s ont tenté, sans succès, de faire passer un contre-projet indirect visant à atteindre ces objectifs. Pour Alain Berset: «La recherche 3R fait l’objet d’un programme national de recherche lancé le 3 février 2021 pour un montant de 20 millions de francs sur cinq ans. Il y a également, dans le cadre de la mise en œuvre du message sur la formation, la recherche et l’innovation des contributions au centre de compétences 3R qui augmenteront de 34 pour cent pour ces quatre prochaines années… C’est une hausse massive des moyens financiers qui est prévue.»

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de l’Adminsitration fédérale.

Vue d’ensemble des votations

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