Hockey sur glaceCommentaire: Dubé devrait aussi se remettre en question
En pointant sans cesse les joueurs du doigt, l’entraîneur de Fribourg-Gottéron joue à un jeu dangereux qu’il a toutefois toujours bien maîtrisé jusqu’ici. Mais cela pourrait changer si la spirale négative (cinq défaites) devait se prolonger.
- par
- Cyrill Pasche
Après chaque défaite de Gottéron, on sait à l’avance ce que Christian Dubé, coach/GM de Fribourg-Gottéron, va dire:
- Non, il ne peut pas aller sur la glace pour marquer des buts à la place de ses joueurs.
- Et oui, certainement que ses joueurs, comme dimanche à Davos (défaite 3-2 tab), auraient dû «prendre leurs responsabilités» et plier le match quand ils menaient 2-0 (36e occasion en or manquée par Kuokkanen, but de Davos dans la foulée), ou au plus tard à 2-1 lorsqu’ils ont bénéficié de quatre longues minutes de powerplay en fin de rencontre (51e à 55e).
Les joueurs ceci, les joueurs cela… Sur le fond, Dubé n’a pas tout tort. Il a d’ailleurs très souvent appuyé – parfois de manière très virulente – sur ce même bouton: c'est-à-dire de «balancer ses joueurs sous le bus», comme on dit, en espérant une réaction, un sursaut d’orgueil de leur part. C’est son style, certes un peu «old school», et cela a très souvent fonctionné.
L’ancien attaquant vedette de LNA – et il faut tout de même le lui laisser, savait comment marquer des buts ou en tout cas faire la différence d’une manière ou d’une autre sur la glace – est un coach qui «sent» bien son équipe et peut se permettre de tirer sur cette corde sensible pour obtenir des résultats positifs.
Sa position – «Christian Tout Puissant», directeur sportif et entraîneur – lui garantit aussi l’impunité. Personne ne peut aller se plaindre du coach auprès du GM. C’est pratique, et Chris McSorley, pendant longtemps à Genève, en a aussi largement profité pour faire avancer son groupe. A force, tout le monde dans le vestiaire des Dragons a compris où Dubé veut en venir et comment il fonctionne. Mais il devrait aussi, de temps en temps, se remettre en question. En tant que coach, et en tant que GM.
Parce que si Killian Mottet (buteur et bien en jambes dimanche à Davos) ou Nathan Marchon (20 buts en 2021-22, seulement 3 cette saison), pour ne citer que deux exemples, ne sont plus aussi performants, c’est peut-être aussi en partie sa responsabilité. Et cela montre surtout que le passage à six étrangers, conjugué à l’arrivée de Christoph Bertschy et de son très volumineux contrat de sept ans, a jeté pas mal d’ombre sur les leaders offensifs de l’hiver dernier.
Même Mottet, par séquences, a perdu sa place sur le premier powerplay à une position où il s'était clairement imposé comme un des meilleurs spécialistes du pays. Cette abondance de biens que Jan Cadieux a parfaitement maîtrisée avec Genève-Servette, Dubé n’a pas (encore) réussi à la gérer avec Fribourg.
Enfin, le choix d’étrangers (Sörensen, de la Rose, Kuokkanen) pas particulièrement dominants en attaque est aussi le sien. Tout comme le départ d’un certain… Chris DiDomenico à Berne, qu’il a largement sous-estimé. Fribourg-Gottéron ne possède plus de bougie d’allumage. Les Dragons n’ont plus de cracheur de feu ni de saltimbanque qui entraîne tout un groupe dans son sillage. Et cela se voit de plus en plus. En particulier samedi soir dans le «Money Time» du derby des Zähringen, lorsque «DiDo» a chambré tout le monde sans exception après son but égalisateur à 141 secondes du gong: les joueurs sur la glace, les fans, le banc fribourgeois et… certainement aussi son ancien entraîneur.