DéfenseBerne veut signer le contrat des F-35 sans attendre l’initiative populaire
Le Conseil des États a confirmé l’augmentation progressive du budget de l’armée jeudi. De quoi donner des ailes à la ministre de la Défense, Viola Amherd.
La conseillère fédérale Viola Amherd a clairement indiqué jeudi qu’elle signera le contrat d’achat d’avions de combat américains F-35 à l’automne sans attendre le résultat de l’initiative populaire opposée à ce projet de modernisation de l’armée de l’air.
L’initiative Stop F-35 «n’a pas été soumise à ce jour, nous ne savons pas quand elle sera soumise et donc quand le National votera, comme l’a fait le Conseil des États, alors nous signerons» le contrat, a déclaré la ministre de la Défense à la RTS. La Chambre du peuple devrait se prononcer à l’automne en faveur de l’achat de ces avions, tout comme l’a fait ce jeudi la Chambre des cantons.
La signature des contrats rendra l’initiative populaire caduque. Comme elle réclame de ne pas acheter ces avions et qu’elle ne peut être rétroactive, elle n’aurait plus aucun impact sur cette acquisition qui reste controversée, explique-t-on au sein de Stop F-35. C’était le plus gros obstacle à l’acquisition de ces avions qui doivent remplacer la flotte de F/A-18, dont est essentiellement équipée aujourd’hui l’armée. Ces appareils américains sont à bout de souffle et devront être retirés du service en 2030 au plus tard.
«Les mots me manquent»
Marionna Schlatter, élue Verte et membre du comité d’initiative, estime qu’il s’agit d’un déni de démocratie. «Si madame la conseillère fédérale Amherd est prête à ignorer la moitié de la population, alors les mots me manquent», a-t-elle déclaré.
Outre les plus de 100’000 signatures déjà recueillies par Stop F-35, la décision elle-même d’acheter de nouveaux avions de combat pour 6 milliards de francs n’avait été adoptée qu’à une très faible majorité le 27 septembre 2020, avec 50,1% des voix. Dans la foulée, le gouvernement a décidé fin juin 2021 d’acquérir 36 F-35A, auprès du constructeur américain Lockheed Martin.
Si le Conseil fédéral affirme que l’avion était de loin le meilleur, au prix le plus bas de tous les jets en lice pour le contrat (Rafale, F/A-18 et Eurofighter), les innombrables difficultés techniques et dépassements budgétaires du programme F-35 aux États-Unis ont incité deux commissions parlementaires à lancer une enquête sur le choix de l’appareil.