131 morts dans un stade indonésien: «Sans lacrymogènes, il n’y aurait peut-être pas eu de chaos» 

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131 morts dans un stade indonésien«Sans lacrymogènes, il n’y aurait peut-être pas eu de chaos»

Des policiers indonésiens font l’objet d'une enquête, après la bousculade meurtrière dans un stade qui a fait 131 morts selon un dernier bilan, après un match ce week-end, à Malang.

La police a utilisé des gaz lacrymogènes dans des gradins du stade Kanjuruhan, à Malang, le 1er octobre 2022.

La police a utilisé des gaz lacrymogènes dans des gradins du stade Kanjuruhan, à Malang, le 1er octobre 2022. 

AFP

Les enquêteurs interrogeaient mardi des responsables de la police indonésienne après un mouvement de foule dans un stade qui a fait 131 morts, selon un nouveau bilan officiel diffusé mardi, à l’issue d’un match ce week-end, dans l’un des pires drames de l’histoire du football. 

Face à la colère du public, les premières sanctions sont tombées contre ceux jugés responsables de la bousculade meurtrière déclenchée dans le stade de football de Malang (Java est) quand la police a commencé à envoyer de grandes quantités de gaz lacrymogène pour maîtriser la foule, selon des témoins. 

Plaintes 

Les supporters du club local Arema FC ont créé un centre à Malang, lundi, pour recueillir des plaintes et ont annoncé qu’ils comptaient poursuivre les policiers jugés responsables d’avoir visé le public bloqué dans les tribunes, de façon aléatoire.

«S’il y avait des émeutes, le gaz lacrymogène aurait dû être dirigé vers le terrain, pas vers les tribunes», a indiqué à l’AFP, Danny Agung Prasetyo, coordinateur des supporteurs du groupe Arema DC. «Il y a eu de nombreuses victimes parmi celles qui étaient dans les gradins. Elles ont paniqué à cause du gaz lacrymogène.»

Sanctions

Le responsable de la police de la ville a été limogé lundi, et neuf policiers suspendus, tandis que 19 policiers étaient interrogés au sujet de la catastrophe dans le stade occupé par les seuls fans du Arema FC, a indiqué lundi, le chef de la police nationale, Dedi Prasetyo. Le gouvernement a suspendu tous les matchs de la première ligue nationale et annoncé avoir entamé une enquête sur le drame. Elle pourrait durer de deux à trois semaines.

Les tribunes du stade Kanjuruhan étaient remplies de milliers de jeunes «Aremania», des supporteurs du Arema FC venus voir samedi soir leur équipe jouer face à l’équipe rivale de Persebaya Surabaya, de la ville voisine. Mais après une défaite de leur équipe 3 à 2, la première depuis des décennies, des fans sont descendus sur le terrain pour s’adresser aux joueurs et aux dirigeants.

«Usage excessif de la force»

La police a tenté de contrôler la foule sur le terrain par la force, avec des coups de matraque, selon des témoins et des images vidéo, mais cela a encouragé plus de supporteurs à venir prêter main forte à ceux qui étaient déjà sur la pelouse. Les appels à une enquête indépendante se sont multipliés à mesure que les détails de la soirée sanglante de samedi à dimanche ont émergé.

«S'il n’y avait pas eu de gaz lacrymogènes, il n’y aurait peut-être pas eu de chaos», a souligné lundi soir Choirul Anam, membre de la Commission nationale pour les droits humains. «Nous allons voir ce qui s’est vraiment passé en ce qui concerne les violences et l’usage excessif de la force.»

Portes closes

La violence dans le football indonésien est un problème de longue date et les fans du club de la ville voisine Persebaya Surabaya avaient été interdits d’accès pour ce match. Mais les supporteurs assurent qu’ils ne sont pas à l’origine de la tragédie. Des responsables indonésiens ont indiqué que plus de billets que prévu avaient été vendus et, selon des témoins, certaines portes sont restées closes, au moment de la bousculade.

Les spectateurs les plus costauds ont pu escalader des barrières et réussi ainsi à échapper au mouvement de foule, mais les plus vulnérables, dont des femmes et des dizaines d’enfants, n’ont pas survécu à la pression de la foule et aux gaz lacrymogènes. «Les portes étaient fermées, c’est pourquoi les gens poussaient», tandis que certains se sont réfugiés dans les coins, a indiqué un survivant de seize ans à l’AFP. 

Frappés directement

«Dans les gradins, certains ont été frappés directement» par les bombes lacrymogènes. «Je l’ai vu moi-même.» Cette tragédie est la pire jamais enregistrée dans un stade indonésien. «On pouvait voir que quelque chose de mauvais pouvait se produire. C’est le type de crainte que l’on a quand on va voir un match ici», a expliqué Pangeran Siahaan, un expert du football indonésien à l’AFP. «Il y a beaucoup de dangers à chaque fois que l’on se rend dans un stade de football en Indonésie.»

(AFP)

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