Football: Yann Sommer et le Bayern Munich: un rêve tourmenté

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FootballYann Sommer et le Bayern Munich: un rêve tourmenté

Sacré champion d’Allemagne, le gardien de l’équipe de Suisse n’a pas vécu six mois de tout repos depuis son arrivée en Bavière. Il raconte.

Valentin Schnorhk Tenero (TI)
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Valentin Schnorhk Tenero (TI)
En équipe de Suisse, Yann Sommer bénéficie d’un environnement bien plus tranquille qu’au Bayern Munich.

En équipe de Suisse, Yann Sommer bénéficie d’un environnement bien plus tranquille qu’au Bayern Munich.

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Un rêve agité. Il a même failli virer au cauchemar. Mais Yann Sommer est devenu champion d’Allemagne pour la première fois de sa carrière, et c’est notamment pour cela qu’il a signé au Bayern Munich, cet hiver. On ne le lui enlèvera pas. Il se rappellera cette «euphorie totale à la fin». Ce genre de moment qui, l’espace d’un instant, fait oublier tout le reste et évite de se dire que cela tient avant tout du miracle, si tant est qu’il faille désigner de la sorte la déroute du Borussia Dortmund lors de la dernière journée de Bundesliga (le BvB avait son destin entre ses mains, mais a perdu contre Mayence, laissant filer le titre au Bayern).

Une quinzaine de jours plus tard, l’esprit est reposé, les six derniers mois commencent à être digérés. Quelques jours de congé, et Yann Sommer a repris du service. Avec l’équipe de Suisse, cette fois. Autre contexte, plus confortable. À Tenero, où la sélection a pris ses quartiers avant de partir en Andorre, jeudi (match vendredi), les gamins en classe verte se sont éloignés de leurs profs pour tenter d’apercevoir l’idole d’une nation. Le nom du portier est scandé, pendant que lui doit s’affairer auprès des médias. Contexte favorable. Bien loin de la Säbener Strasse, le centre d’entraînement du Bayern, où Sommer n’a pas toujours eu aussi bonne presse depuis son arrivée.

Les critiques? «Très subjectives»

Là-bas, c’est un autre monde. Un monde où en quatre mois et demi, l’entraîneur change (Julian Nagelsmann remplacé par Thomas Tüchel en mars), l’entraîneur des gardiens est évincé, le directeur sportif (Hasan Salihamidzic) et le président (Oliver Kahn) sont licenciés dans la foulée d’un titre de champion et où, surtout, rien ne passe jamais inaperçu. «En quatre mois, il s’est passé tellement de choses, s’essouffle presque Yann Sommer. C’était très intense. Et forcément, cela est merveilleux d’être devenu champion, nous en avons bien profité. Cela a été très enrichissant pour moi, c’est un environnement très agité, sur et en dehors du terrain. Bien sûr que cela aurait pu être mieux sur deux ou trois aspects, mais je suis ravi d’avoir relevé ce challenge. Je suis très content dans l’ensemble.»

«J’ai encore un contrat de deux ans au Bayern. Cela me réjouit, je suis tranquille avec ça»

Yann Sommer, gardien de l’équipe de Suisse

C’est le discours de celui qui a fini par gagner. Il est plus simple à tenir. Et pour Yann Sommer, il permet de ne pas se noyer sous les critiques qui l’ont aussi directement visé depuis son arrivée au Bayern. Au prétexte de sa taille, souvent. De la comparaison avec Manuel Neuer, qu’il est venu remplacer après que le capitaine bavarois s’est blessé en faisant du ski. De son manque d’arrêts décisifs, surtout. «Les critiques étaient très subjectives, rigole à moitié le Bâlois de 34 ans. C’est difficile à encaisser, mais c’est le Bayern Munich.»

Moins décisif

Sauf qu’il y avait aussi des éléments statistiques. Le nombre de buts évités, par exemple, que le modèle des Expected Goals permet de calculer le démontre: avec Neuer, le Bayern encaissait 0,31 but par match de moins que ce que supposait la théorie; avec Sommer, il en subit 0,07 par match de plus que ce que prévoit le modèle. Une régression manifeste.

Yann Sommer a remporté son premier titre de champion d’Allemagne.

Yann Sommer a remporté son premier titre de champion d’Allemagne.

Imago

Mais elle concerne également le portier helvétique, qui était bien plus décisif sous les couleurs du Borussia Mönchengladbach que ce qu’il a été au Bayern. Question de contexte? «Pour moi, on ne peut pas comparer, chasse-t-il. Ce sont deux équipes complètement différentes, avec des styles de jeu différents. Peut-être qu’on a plus de travail à Gladbach, et peut-être aussi qu’il y a un peu plus de pression au Bayern.»

Rester ou partir?

Est-il véritablement parvenu à la supporter? Quel avenir Yann Sommer a-t-il réellement avec le club bavarois? «Moi, j’ai encore un contrat de deux ans, dit-il. Cela me réjouit, je suis tranquille avec ça.» Sauf que Manuel Neuer finira par revenir. Et que Sommer, de par ses performances moyennes, n’incite pas forcément le Bayern à faire jouer une forme de concurrence, la saison prochaine. Autrement dit, s’il devait rester, le Morgien de naissance pourrait se retrouver numéro 2.

Avec une possible incidence sur son statut en équipe de Suisse, sachant qu’avec le Borussia Dortmund, Gregor Kobel a réalisé une excellente saison, étant désigné meilleur gardien de Bundesliga. «On verra bien comment tout cela se passera à l’avenir», élude Sommer.

À un an de l’Euro 2024, qui pourrait être sa dernière compétition internationale, le gardien de l’équipe de Suisse a le devoir de la réflexion, durant l’été à venir. Quatre mois et demi au Bayern, c’est peut-être bien assez pour un gardien comme lui.

Gregor Kobel sera titulaire en Andorre

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