Visiteurs venus d’ailleursUn élu voudrait que l’on cesse d’attirer les touristes de pays lointains
Christophe Clivaz demande que la subvention accordée à Suisse Tourisme ne serve plus à promouvoir des voyages en avion délétères pour le climat. L’organisation marketing se défend.
- par
- Yannick Weber
«En Suisse, la durabilité est une évidence depuis des années.» Avec le label «Swisstainable», Suisse Tourisme a misé sur l’argument vert pour vendre la Suisse auprès des touristes. Presque mort pendant la pandémie, le tourisme reprend fort et «même une partie de notre clientèle des marchés lointains est déjà de retour», se réjouissait dans un communiqué mercredi une porte-parole de Lucerne Tourisme.
Un voyage qui émet autant que six mois de vie en Suisse
Quand le tourisme va bien, l’aviation va bien avec. Alors est-ce que tout ça est vraiment très durable? C’est la question que pose le conseiller national Christophe Clivaz (Vert/VS). Il vient de déposer une motion qui demande à ce que la subvention fédérale à Suisse Tourisme ne soit plus utilisée pour attirer des touristes comme les Chinois ou les Américains.
«Il est contradictoire de promouvoir un tourisme durable et dans le même temps d’encourager la venue de touristes lointains venant en avion. Un aller-retour Pékin-Zurich émet 3 tonnes de CO₂ et Los Angeles-Genève 3,1 tonnes, à mettre en perspective avec les 5,8 tonnes d’émissions annuelles par habitant en Suisse. Un seul de ces vols correspond à plus de la moitié de l’empreinte carbone annuelle moyenne d’une personne habitant en Suisse», argumente-t-il.
En Suisse ou ailleurs, le CO₂ sera émis de toute manière
Suisse Tourisme se défend et rappelle que le développement durable a trois dimensions: écologique, sociale et économique. «Une diversification des marchés sources assure une meilleure répartition entre les saisons et les destinations, dit sa porte-parole Véronique Kanel. Les hôtes de pays lointains voyagent toute l’année et plus fréquemment en basse saison que la clientèle suisse ou européenne. Grâce à eux, les infrastructures touristiques sont mieux exploitées et les recettes assurent la capacité d’innovation, qui profite ensuite à la qualité de l’accueil pour tous les touristes.»
Elle ajoute que les touristes venus de loin voyagent souvent plus longtemps et, en Suisse, se déplacent plutôt en transports publics, «ce qui est moins le cas pour la clientèle des marchés proches». De plus, s’ils ne venaient pas en Suisse, ils iraient vers des destinations concurrentes «où ils se rendront également en avion. La diminution des émissions de CO₂ doit intervenir à l’échelle mondiale. Le fait que la destination suisse ne soit plus présente commercialement dans les pays lointains n’aurait probablement aucun effet sur les émissions de CO₂ mais un impact très négatif sur le plan économique et social pour la Suisse», dit Véronique Kanel.