HockeyEn pleine crise identitaire, Ajoie peut-il encore rebondir?
Mené 2-0 dans le barrage de promotion-relégation, le HC Ajoie est au bord du gouffre. Avant l’acte III de mardi soir à Porrentruy (20h), les signaux sont au rouge. S’il entend s’en sortir, il est temps pour lui d’endosser le costume qui est le sien, celui de favori.
- par
- Julien Boegli
Comme les visages au terme du match perdu samedi à La Chaux-de-Fonds (4-1), l’avenir du HC Ajoie s’assombrit. A quel espoir s’accrocher encore après deux premières séances manquées? C’est que les hockeyeurs jurassiens ont manqué de beaucoup de choses, aussi bien jeudi passé à domicile (défaite 3-2), que deux jours plus tard aux Mélèzes. De solutions, de détermination et d’implication. Amorphes, ils n’ont pas semblé concernés par l’enjeu, considérable pourtant. Incompréhensible.
Personne, dans le camp des perdants, ne cherchait d’ailleurs à renier l’évidence, rendue visible aux yeux de tous. «On joue en serrant la canne, tant le stress est grand», imageait samedi Guillaume Asselin, suppléant convalescent du Topscorer Jonathan Hazen, blessé pour le reste de la série.
L’attaquant québécois a lui serré les dents, pas encore totalement remis d’un refroidissement survenu au pire moment. «Il fallait bien y aller.» La voix enrouée, il a admis «que cette défaite est l’une des plus douloureuses de ma carrière.» Hazen éloigné du champ d’action, Gauthier touché au visage lors de la prolongation de l’acte VI face à Langnau, Phil-Michaël Devos blessé au dos depuis plusieurs semaines et hors de forme, la fraction étrangère du HCA est durement frappée. Sans oublier T.J. Brennan, qui n’est plus que l’ombre du défenseur qu’il était en saison régulière.
Obligé de lancer l’insipide Martin Bakos – l’attaquant slovaque dont le contrat ne sera pas reconduit a-t-il remporté ne serait-ce que 10% de ses duels lors des deux premiers matches? – Julien Vauclair, le regard livide, semblait désemparé samedi soir. «Evidemment que j’aimerais pouvoir compter sur un Hazen et un Gauthier dans ces moments-là», dira-t-il.
La mine basse, les Ajoulots sont sortis groggys de cet affrontement. «Il nous faut désormais jouer pour de vrai», clame Asselin. La vérité du moment, c’est bien que le HC Ajoie ne parvient pas à assumer un statut qui n’est plus le sien depuis deux ans. Petit Poucet de la ligue, les défaites lui étaient jusqu’alors pardonnées, chaque victoire fêtée dans l’allégresse. Depuis jeudi dernier, il doit réendosser le costume de favori. Devant ce changement identitaire, la fuite, si elle se poursuit, finira avec la conclusion que l’on sait.
Ce moment allait pourtant bien finir par arriver. «Oui, on peut entendre que l’on s’y prépare depuis deux saisons. Mais tu as beau t’y préparer, tant que tu ne l’a pas vécu…», tente d’excuser Guillaume Asselin. Un meeting, à chaud dans le vestiaire, a suivi la déconvenue des Mélèzes. La pression pèse aujourd’hui plus que jamais sur les épaules tremblotantes des hockeyeurs à la Vouivre.
Comment s’en sortir ? «Cette série, c’est un «quatre de sept», ils en sont à deux. Si on continue de traîner ce stress avec nous, ils continueront leur chemin, comme il l’ont fait jusqu’à présent», reconnaît l’ailier québécois, qui a paraphé une entente pour une saison supplémentaire pas plus tard que vendredi dernier. «Il faut ressortir les vieux clichés, prendre shift après shift. On a toujours eu un chemin difficile depuis la promotion. Tout ce qu’on a gagné l’a été à l’arrachée. Je veux croire que le chemin est encore long dans ce barrage. Il faut arrêter de tirer la gueule, on joue pour notre job là. C’est nous qui avons battu Berne et Zurich dernièrement, pas l’adversaire.»
Le temps presse. «Notre marge s’amoindrit considérablement, il faut trouver un état d’esprit et vite.» Sont-ils tous prêts à le trouver? De l’extérieur, ce n’est pas l’impression qui s’en dégage. Mardi soir, quoi qu’on en dise, Ajoie, qui fête en ce début d’année son demi-siècle d’existence, vivra l’un des matches les plus importants de son histoire.
«Arrêtons de penser que ce barrage est une bataille de gamins. Arrêtons aussi de laisser Olden (le virevoltant TopScorer du HCC) se balader dans notre zone et nous sourire à la figure. Il est temps de livrer une bataille d’hommes. On se bat pour un boulot, pour un canton», clamait le défenseur Alain Birbaum, très remonté, au terme du deuxième duel.
Des mots forts, qu’il s’agit maintenant d’exécuter sur la glace. Mais les propos qui résument peut-être le mieux le contexte actuel ont été ceux du défenseur Thomas Thiry au micro de MySports après le match: «On n’a pas montré une identité de ligue A, pas plus que jeudi passé. C’est inacceptable. Il faut se poser les bonnes questions. Est-ce qu’on veut rester dans l’élite? Est-ce qu’on veut avoir un job? Il n’est pas question de line-up ou de tactique, il est question d’identité que l’on doit montrer.»