EspagneLes votes des Espagnols de l’étranger pourraient changer la donne
Le dépouillement des votes a commencé ce vendredi. Le résultat pourrait faire miroiter à la droite un revirement de situation et lancer la gauche dans un jeu d’alliances.
Près d’une semaine après des élections qui n’ont pas permis de dégager de majorité au Parlement, les socialistes du Premier ministre espagnol sortant Pedro Sánchez restent convaincus de pouvoir former un nouveau gouvernement par le jeu des alliances et éviter un nouveau scrutin.
Mais l’attention du parti socialiste et celle du Parti populaire (PP, droite) – vainqueur nominal des législatives anticipées, mais en fait grand perdant car sans possibilité de rassembler une majorité – est concentrée désormais sur le dépouillement des derniers suffrages n’ayant pas encore été comptabilisés, ceux des Espagnols résidant à l’étranger, qui a débuté vendredi. Sur les quelque 2,3 millions d’expatriés inscrits sur les listes électorales, un peu plus de 10% (233’000) ont voté le 23 juillet par correspondance ou en se rendant au consulat d’Espagne dans leur pays de résidence.
Un vote «anecdotique» d’habitude
Dans le passé, le vote de ces Espagnols de l’étranger «n’a pas eu une grande influence» et a même toujours été «anecdotique», rappelle à l’AFP David Sabater Giménez, politologue et consultant de la firme Atrevia. Mais il suscite un intérêt cette année car il pourrait compliquer une éventuelle investiture de Pedro Sánchez devant le nouveau Parlement et accroître les chances d’une nouvelle élection.
Les votes des Espagnols de l’étranger sont comptabilisés dans les circonscriptions où ils sont inscrits et peuvent donc avoir un impact si l’écart entre le vainqueur et son suivant le plus proche est minime. Les élections de dimanche ont abouti à une assemblée sans majorité, puisque le PP, bien que l’ayant emporté avec 136 sièges, ne peut espérer rassembler autour de lui la majorité absolue de 176 députés (sur un total de 350) qui permettrait à son leader, Alberto Núñez Feijóo, d’être investi Premier ministre.
Négociations avec les indépendantistes
Les dirigeants de cette formation, responsables de la tentative de sécession avortée de la Catalogne en 2017, ont fait connaître le prix de leur abstention: une amnistie générale pour toutes les personnes sanctionnées pour la tentative de sécession et la tenue d’un referendum d’autodétermination.
Le gouvernement sortant a exclu d’emblée de telles concessions, qui seraient inconstitutionnelles, en plus d’être politiquement suicidaires. Il espère cependant convaincre les ultras de l’indépendantisme catalan de s’abstenir lors d’un vote d’investiture. C’est là qu’interviennent les votes des Espagnols de l’étranger. Un siège de la province de Madrid, majoritairement à droite, a, en effet, été remporté par les socialistes avec un écart de seulement 1’749 voix, faisant espérer au PP un retournement de situation.
Si c’était le cas, et si aucun changement n’était enregistré dans les autres circonscriptions, le rapport de forces entre les deux blocs s’inverserait (171 pour la gauche, contre 172 pour la droite). Pedro Sánchez ne pourrait alors plus se contenter d’une abstention des indépendantistes car il aurait besoin de leurs votes pour dépasser ceux du bloc de droite. Mais les négociations s’annoncent d’ores et déjà âpres.