Pékin veut gonfler son arsenal nucléaire militaire

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ArmementPékin veut gonfler son arsenal nucléaire à un niveau sans précédent

La Chine cherche à étendre et moderniser son arsenal nucléaire à un niveau sans précédent afin de doper sa force de dissuasion en cas de conflit avec les États-Unis, selon des experts. 

Des missiles balistiques intercontinentaux chinois capables d’emporter des charges nucléaires, le 1er octobre 2019 à Pékin.

Des missiles balistiques intercontinentaux chinois capables d’emporter des charges nucléaires, le 1er octobre 2019 à Pékin. 

AFP

La Chine cherche à étendre et moderniser son arsenal nucléaire à un niveau sans précédent afin de doper sa force de dissuasion en cas de conflit avec les États-Unis. Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), la Chine compte un arsenal de 350 têtes nucléaires – loin derrière la Russie (4477) et les États-Unis (3708). Mais Pékin pourrait en avoir 1500 d’ici à 2035, prédit un rapport du ministère américain de la Défense paru en novembre.

«La Chine semble ne plus vouloir se contenter de quelques centaines d’armes nucléaires pour assurer sa sécurité», juge Matt Korda, de la Federation of American Scientists, une ONG américaine qui étudie notamment la prolifération nucléaire. Après son premier essai nucléaire en 1964, la Chine s’est contentée de maintenir un arsenal modeste et s’est engagée à ne jamais utiliser une arme atomique en premier, assurant qu’elle n’y aurait recours que si elle-même en était la cible.

Expansion et modernisation 

Pendant la dernière décennie, le président Xi Jinping a encouragé une vaste modernisation de l’armée, qui est passée notamment par l’amélioration de ses capacités nucléaires. «La Chine entreprend actuellement l’expansion et la modernisation les plus importantes de ses forces nucléaires de toute son histoire», affirme à l’AFP David Logan, professeur au Naval War College, un institut de recherche et d’enseignement de la marine américaine.

Selon lui, ce pays cherche non seulement à augmenter la production d’ogives mais aussi à améliorer sa capacité de les propulser – du sol, d’un avion ou d’un sous-marin. La Chine construit par ailleurs «rapidement» des installations de tir de missiles balistiques intercontinentaux et compte plus de 300 silos au total, selon le ministère américain de la Défense.

Coopération avec Moscou 

Pékin a répété à maintes reprises qu’il maintenait sa force nucléaire «au niveau le plus bas nécessaire à la sécurité nationale.» Le mois dernier, dans une déclaration commune avec le président russe Vladimir Poutine, Xi Jinping a également martelé qu’aucune guerre nucléaire ne devait «jamais être déclenchée».

La Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires, une coalition d’ONG, estime que la Chine a consacré 11,7 milliards de dollars à son programme nucléaire en 2021 – soit moins d’un tiers de ce que les États-Unis auraient dépensé.

Plusieurs obstacles entravent toutefois le renforcement rapide par la Chine de son arsenal nucléaire, jugent des experts, car elle dispose de moyens limités pour produire les matières fissiles indispensables à la fabrication d’ogives. La Russie pourrait potentiellement lui apporter son aide. Pékin et Moscou se sont engagés à renforcer leur coopération nucléaire au cours du récent sommet entre Xi Jinping et Vladimir Poutine.

Plutonium 

De hauts responsables russes dans le domaine de l’énergie atomique ont accepté d’aider la Chine à se doter de «réacteurs rapides», qui sont censés produire des matières fissiles beaucoup plus rapidement qu’ils ne les consomment. Selon Pékin, l’accord ne concerne que son programme nucléaire civil. Mais des experts considèrent qu’il pourrait également servir à constituer des stocks de matières fissiles destinées à des armes nucléaires.

«Il serait techniquement possible à la Chine d’augmenter considérablement ses stocks de plutonium avec ses nouveaux réacteurs civils à neutrons rapides utilisant du combustible fourni par la Russie», note Matt Korda. «Cependant, rien n’indique que la Chine a l’intention de faire cela.»

La Chine dispose de «réserves très limitées, ce qui empêche une montée en puissance rapide», renchérit Gregory Kulacki, le responsable Chine à l’Union of Concerned Scientists, une organisation américaine de scientifiques. 

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(AFP)

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