Éditorial: Attention: l’année prochaine, la Suisse va basculer à gauche!

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ÉditorialAttention: l’année prochaine, la Suisse va basculer à gauche!

À une année des élections fédérales, l’UDC et le PLR lancent leur campagne pour contrer une gauche qui n’a pourtant jamais été au pouvoir. Cette volonté de polariser se heurte cependant au système.

Eric Felley
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Eric Felley
Samedi à Berthoud, Le PLR a fait le show avec des feux d’artifice pour lancer sa campagne.

Samedi à Berthoud, Le PLR a fait le show avec des feux d’artifice pour lancer sa campagne.

RTS

Tout est dans la casquette bleue «PLR 2023», qui fait penser à celle de Donald Trump. Samedi à Berthoud, les délégués du PLR Suisse ont lancé la campagne pour les élections 2023 avec des feux d’artifice et une ambiance galvanisée. Dans exactement 52 semaines, un nouveau Parlement sortira des urnes en Suisse. Au PLR et à l’UDC, le discours est clairement à la reconquête d’une majorité à Berne. En 2019, les deux partis l’avaient perdue à la suite de la poussée des Verts et des Verts libéraux.

«Bonne nuit la Suisse!»

«Si le PLR devait perdre l’année prochaine, a déclaré le vice-président du PLR Suisse Philippe Nantermod, le risque est grand que la Suisse passe à gauche et nous voulons combattre ça, parce qu’on voit que ça ne marche pas…» Du côté de l’UDC, réunie samedi à Lucerne, c’est une obsession dans tous les discours. Selon le président Marco Chiesa: «La politique rose-verte est une politique suicidaire: elle démolit tout ce qui fait le succès de la Suisse». Pour le chef de la campagne Marcel Dettling, il s’agit d’une «élection directionnelle»: «Si la gauche rose-verte gagne à nouveau les élections en 2023, alors bonne nuit la Suisse! » Et le dernier qui sort éteint la lumière, cela fera des économies.

Le jeu des Chambres

Ce qui est intéressant dans le message de ces deux partis, c’est que la gauche n’a jamais dirigé la Suisse. La législature 2015-2019 a été marquée par une majorité UDC et PLR au Conseil national, qui était souvent contre balancée par un Conseil des États plus progressiste. Durant la législature 2019-2023, avec la poussée des Verts et des Verts libéraux et le recul de l’UDC, le Conseil national est devenu plus centriste. Cependant le Conseil des États est devenu, lui, plus à droite. La concurrence entre les deux chambres, c’est souvent cela qui fait la politique en Suisse, plutôt que l’opposition gauche-droite.

Le peuple décide

Durant ces huit dernières années, la Suisse a-t-elle mené une politique de gauche? Aucunement. Les décisions des Chambres ont été prises sur des consensus, qui ramènent la ligne du Parlement vers le centre. Finalement, sur les sujets importants, le peuple a décidé. Lors de la votation sur AVS 21 ou sur les avions de combat, il a suivi la droite, de peu. Sur la suppression du droit de timbre ou de l’impôt anticipé, il a suivi la gauche.

C’est ainsi que nous fonctionnons

Au-delà des slogans et des casquettes de campagne qui polarisent, le système politique suisse est construit pour éviter les changements de régime: fédéralisme très fort, partis bien implantés, gouvernement de concordance, droit d’initiative et droit de référendum. L’action politique dispose de nombreux outils pour neutraliser l’adversaire. C’est peut-être frustrant pour ceux qui veulent écraser ledit adversaire, mais c’est ainsi que nous fonctionnons pour la paix des ménages.

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