Valais: 800 chasseurs au taquet pour tirer 34 loups

C'est une chasse nouvelle qui va s'ouvrir en Valais dès le 1er décembre, si l'Office fédéral de l'environnement donne son feu vert. A fin octobre, le Service valaisan de la chasse, de la pêche et de la faune avait lancé un formulaire d'inscription pour aller chasser le loup en vertu de la nouvelle ordonnance adoptée par le Conseil fédéral. Sur les quelque 2500 chasseurs du canton, l'engouement est bien réel: 800 ont répondu présent.

Mardi, les autorités valaisannes, en tête le conseiller d'Etat Frédéric Favre, ont donné plus d'informations sur les objectifs à atteindre. Le canton compte actuellement 13 meutes, dont 4 sont transfrontalières. Le nombre de loups a abattre a été fixé à 34 parmi 7 meutes (six cantonales et une transfrontalière).

Le chef du Service de la chasse, Nicolas Bourquin, a précisé que 300 chasseurs ont déjà participé à un cours de formation de trois heures cette semaine à Martigny. Mais les médias n'y étaient pas les bienvenus, car les autorités cantonales craignent que le chasseurs soient finalement pris pour cible par une certaine opinion publique. Cité par «Le Nouvelliste», le chef précise: «Sur ce sujet si sensible, nous préférons garantir leur anonymat pour les protéger d’éventuels désagréments».

Son adjoint pour le Haut-Valais, Sven Wirthner, corrobore les dires de son patron: «Tout ce qui touche à la mort d’un animal est très émotionnel et cristallise les extrêmes (...) Pour cela, nous avons sensibilisé les chasseurs à faire attention à ce que ce qu’ils disent, filment ou postent sur les réseaux sociaux».

Deux mois d'hiver pour abattre sept meutes entières durant la nuit, l'exercice s'annonce toutefois irréalisable selon Nicolas Bourquin, cité par le quotidien valaisan: «Cet objectif s’étalera sur des années. On s’attend à l’effet coup de feu, à savoir que plus il y aura de tirs, plus les loups se feront discrets et adapteront leurs comportements. Ce sont des animaux très intelligents». Il estime que l'armada de chasseurs lancée aux trousses des loups devrait pouvoir tirer 10 à 15 loups d’ici la fin de l'exercice au 31 janvier: «Cela sera déjà un succès».

Cependant, la responsable romande du Groupe Loup Suisse, Isabelle Germanier, voit dans cette opération «un scandale total»: «Le canton aurait pu décider de s’occuper des deux meutes haut-valaisannes qui causent de gros dégâts et de là, étudier les effets de ces prélèvements, voir comment les territoires sont réoccupés ou non. On aurait pu faire quelque chose de scientifique, pragmatique et intelligent. Au lieu de cela, on tire à tout va, sans distinction, et cela peut empirer la situation actuelle».