L’UE n’a pas l’argent pour des clôtures contre les migrants illégaux

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MigrationsL’UE n’a pas l’argent pour construire des clôtures contre les illégaux

Alors que Vienne veut une frontière extérieure de l’UE «plus robuste» et Sofia deux milliards pour agrandir sa «barrière», Bruxelles préfère garder «ses» sous pour d’«autres choses».

La clôture séparant la Bulgarie de la Turquie à Lesovo a été réparée il y a deux semaines.

La clôture séparant la Bulgarie de la Turquie à Lesovo a été réparée il y a deux semaines.

AFP

La Commission européenne a réitéré, jeudi, son opposition au financement par l’UE de murs ou de clôtures pour lutter contre l’immigration irrégulière, une demande émise par une partie des pays membres, dont l’Autriche encore récemment.

«Il n’y a pas d’argent dans le budget de l’UE pour cela. Si nous devions dépenser de l’argent pour des murs ou des clôtures, il n’y aurait pas d’argent pour d’autres choses», a déclaré la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, interrogée à son arrivée à une réunion des ministres de l’Intérieur à Stockholm.

Discussion «intense»

Lundi, le chancelier autrichien Karl Nehammer s’est rendu à la frontière entre la Bulgarie et la Turquie, le long de laquelle une clôture a été érigée par Sofia pour empêcher les arrivées de migrants. Il a indiqué «soutenir» la demande du président bulgare Roumen Radev à la Commission d’obtenir «deux milliards d’euros pour étendre cette clôture, afin de fournir une réelle protection pour l’Union européenne».

«Il est nécessaire de rendre la frontière extérieure de l’UE plus robuste, pour que nous ayons la possibilité de voyager de façon sécurisée au sein de l’espace européen.»

Gerhard Karner, ministre autrichien de l’Intérieur

«Il s’agit d’équipements techniques, de caméras de surveillance, de drones, d’hélicoptères, de véhicules et de l’infrastructure elle-même. L’Autriche est clairement du côté de la Bulgarie quand il s’agit de soutenir ce pays dans cette démarche», avait ajouté le chancelier, qui compte soulever la question au prochain sommet européen des 9 et 10 février.

Son pays, confronté à une forte hausse des demandes d’asile, avait bloqué, en décembre, l’intégration de la Bulgarie et de la Roumanie dans l’espace Schengen de libre circulation, redoutant que cela n’accroisse les arrivées de migrants.

Le ministre autrichien de l’Intérieur, Gerhard Karner, a jugé, jeudi à Stockholm, «nécessaire de rendre la frontière extérieure de l’UE plus robuste, pour que nous ayons la possibilité de voyager de façon sécurisée au sein de l’espace européen. Je pense que nous sommes au début d’une discussion qui s’annonce intense».

Position commune «de longue date»

En octobre 2021 déjà, douze pays de l’UE (Autriche, Bulgarie, Chypre, Danemark, Estonie, Grèce, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République tchèque et Slovaquie) avaient demandé à Bruxelles de financer la construction de telles clôtures. La Commission a plusieurs fois exprimé son refus. «Il y a une position commune de longue date de la Commission et du Parlement européen sur le fait qu’il n’y aura pas de financement de barbelés et de murs», avait notamment affirmé la cheffe de l’exécutif européen, Ursula von der Leyen.

Le président du Conseil européen, Charles Michel, avait quant à lui ouvert la voie à un tel financement, estimant qu’il était «juridiquement possible».

L’UE veut renvoyer plus de migrants vers leurs pays d’origine, et plus vite

À Stockholm, les ministres européens de l’Intérieur ont aussi exprimé leur volonté d’accroître les renvois de migrants en situation irrégulière vers leurs pays d’origine, prônant pour certains de restreindre davantage la délivrance de visas aux ressortissants d’États «non coopératifs». «Nous voyons les arrivées irrégulières augmenter. Renvoyer ceux qui se voient refuser l’asile en Europe est une question très importante», a déclaré la ministre suédoise chargée de la Migration, Maria Malmer Stenergard, dont le pays assure la présidence semestrielle du Conseil de l’UE. Sur les 340’500 décisions de «retour» prononcées en 2021 dans les pays européens, 21% ont été effectivement mises en œuvre.

Au niveau européen, un mécanisme permettant d’utiliser les visas comme levier pour obtenir des États tiers qu’ils reprennent leurs ressortissants est entré en vigueur en 2020. La présidence suédoise du Conseil de l’UE juge «crucial d’exploiter tout le potentiel de ce mécanisme». «Il y a certains pays tiers pour lesquels des mesures pourraient être prises rapidement pour améliorer le niveau actuel de coopération, insuffisant».

(AFP)

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