InterviewYoun Sun Nah: «J’ai toujours l’envie de revenir au Cully Jazz»
La chanteuse sud-coréenne sera ce 2 avril en concert au festival vaudois. Elle nous parle de son dernier album «Waking World» ainsi que des difficultés traversées durant la pandémie.
- par
- Fabio Dell'Anna
Nous vous proposions quatre bonnes raison d’aller au Cully Jazz, en voici une supplémentaire. La talentueuse Youn Sun Nah sera ce 2 avril au festival pour un concert exceptionnel. La Sud-Coréenne longtemps établie à Paris viendra interpréter les titres de son dernier album «Waking World». Un disque jazz, teinté de pop, dont elle a écrit les paroles de A à Z pour la première fois. Elle nous en parle juste avant son show.
Vous revenez pour la quatrième fois au Cully Jazz. Quels souvenirs en gardez-vous?
Toujours l’envie de revenir! C’est sûr qu’il y a une belle histoire avec le festival. Sans doute car la première fois que je suis venue c’était au moment de l’éruption du volcan Eyjafjallajökull. Le contexte était particulier et difficile pour l’équipe de Cully Jazz et certains musiciens qui étaient bloqués. Toutefois, cela nous a donné l’occasion de nous connaître, nous rapprocher, de lier des amitiés et finalement de passer des moments inoubliables.
Comment se passe le retour sur scène?
Le retour sur scène était un peu particulier. Un mélange de hâte et la crainte d’annulations. Le moment venu de remonter enfin sur scène, c’était un peu comme si tout s’éclairait, d’un coup, après un long moment passé dans le noir complet. J’avais encore plus envie de prendre le temps de profiter du moment présent.
Avez-vous souffert de solitude durant la pandémie?
J’ai surtout souffert de l’éloignement avec mes amis, les musiciens, l’Europe. Toute cette incroyable dynamique des scènes européennes avec les festivals et les saisons des salles de concert. Et puis le public, les visages, les sourires.
Votre album «Waking World» offre, comme la plupart de vos albums, une multitude de sonorités. Vous aimez toucher un peu à tout, explorer?
Plus le temps passe et plus je m’autorise à tenter des choses en termes de production sur mes albums. Cela est plus flagrant sur les deux derniers pour lesquels j’ai passé plus de temps en studio. Je pense que cela m’a toujours animée mais auparavant c’était plus au travers de l’improvisation sur scène.
Le Jazz reste le genre le plus représenté sur ce disque. Est-il vrai que vous avez commencé à vous intéresser et à jouer ce style plutôt tardivement?
Effectivement je me suis intéressée au jazz tardivement. Je peux même dire que je l’ai découvert très tard. Mais c’est à travers l’apprentissage de cette musique que j’ai trouvé ma voie. C’est l’improvisation qui m’a attirée et a provoqué ce coup de foudre pour ce langage que j’ignorais jusqu’alors. Lorsque je l’ai découvert cela m’a donné un sentiment de liberté que j’ai eu envie de prolonger indéfiniment.
Dans quel état d’esprit étiez-vous lorsque vous avez composé le disque?
Mon état d’esprit était plutôt positif lorsque j’ai commencé à écrire. C’était une sorte de thérapie conséquente à l’impact psychologique de la crise sanitaire. J’avais envie de sortir de ce jour sans fin. Et finalement ce qui m’en a fait m’en échapper a été ce que j’évitais depuis plusieurs années: la composition et surtout l’écriture des paroles.
La chanson «My Mother» est une belle déclaration à votre mère. Pourquoi l’écrire maintenant?
La crise sanitaire m’a donné l’occasion de passer beaucoup de temps avec mes parents. J’ai beaucoup parlé avec ma mère, beaucoup plus que j’en ai eu l’occasion ces dernières années. Et nous avons discuté de sujets dont nous n’avions pas ou peu parlé ces dernières années. Elle m’a beaucoup parlé d’elle, de sa jeunesse et puis de son histoire en général. Cela a renforcé la représentation que j’avais d’elle.
Si vous aviez la chance de faire un duo avec n’importe quel artiste, qui choisiriez-vous?
Kurt Cobain. A priori beaucoup de choses nous séparent, mais en musique les opposés peuvent parfois se rejoindre en terre inconnue. Comme dans la vie, les sensibilités des uns et des autres sont faites pour se rencontrer. Évidemment cette rencontre n’aura jamais lieu, mais puisque vous me permettez de rêver j’en profite. D’ailleurs, je vous remercie de cette question qui m’a permis de rêver à des duos avec beaucoup d’autres artistes.