AfghanistanLe Qatar travaille avec les talibans pour la réouverture de l’aéroport de Kaboul
Si des discussions sont en cours entre le Qatar et les talibans, le ministre des Affaires étrangères a précisé qu’«il n’y avait pas encore d’accord».
Le Qatar travaille avec les talibans pour la réouverture de l’aéroport de Kaboul «dès que possible», a indiqué jeudi le ministre des Affaires étrangères, tout en précisant qu’«aucun accord» n’avait encore été conclu sur cette question.
«Nous resterons confiants quant à la possibilité de gérer les opérations dès que possible», a déclaré Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani lors d’une conférence de presse à Doha avec son homologue britannique Dominic Raab. «Il n’y a pas encore d’accord», a-t-il toutefois précisé.
«Nous sommes toujours au stade de l’évaluation. Il n’y a pas d’indication claire sur la date à laquelle il sera pleinement opérationnel mais nous travaillons dur», a ajouté le ministre qatari dont le pays entretient des liens étroits avec le mouvement islamiste des talibans qui a pris le pouvoir à Kaboul le 15 août.
«Il est très important que les talibans démontrent leur engagement de fournir un passage sûr (pour sortir du pays) et la liberté de mouvement pour le peuple afghan» a-t-il poursuivi, précisant que les discussions incluaient aussi la Turquie, «si elle peut fournir une assistance technique à ce stade». «Nous espérons avoir de bonnes nouvelles dans les prochains jours», a encore dit le ministre.
Le Qatar, qui a envoyé mercredi un Boeing C-17A Globemaster à Kaboul, est actuellement au cœur des attentions de la communauté internationale pour sa capacité à communiquer avec les nouveaux maîtres de Kaboul.
Ce riche pays du Golfe avait en outre joué le rôle de médiateur dans le processus de paix entre le gouvernement afghan et les talibans avant la prise du pouvoir par les islamistes.
Retour des islamistes au pouvoir
Les talibans ont fêté mardi leur victoire en Afghanistan au lendemain du départ des derniers soldats américains. Ce retrait a mis fin à 20 ans d’une guerre déclenchée par l’intervention d’une coalition internationale menée par les États-Unis pour chasser les talibans du pouvoir, dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001 sur le sol américain.
Le retour des islamistes au pouvoir a obligé les Occidentaux à évacuer dans la précipitation depuis l’aéroport de Kaboul leurs ressortissants et des Afghans susceptibles de subir des représailles de la part des talibans, notamment pour avoir travaillé pour les forces étrangères.
La Turquie «évalue» les propositions des talibans et d’autres pays
La Turquie continue «d’évaluer» les propositions des talibans et d’autres pays pour contribuer à la réouverture de l’aéroport de Kaboul, après l’arrivée au pouvoir des islamistes en Afghanistan, a indiqué jeudi le ministre turc des Affaires étrangères.
«Il y a des demandes de coopération avec nous provenant des talibans et de certains pays pour la réouverture (de l’aéroport). Nous les évaluons toutes», a déclaré Mevlüt Cavusoglu, lors d’une conférence de presse à Ankara. «Mais le plus important est d’assurer la sécurité de l’aéroport», a-t-il ajouté.
Selon M. Cavusoglu, les talibans ont jusqu’à présent insisté pour prendre en charge eux-mêmes la sécurité de l’aéroport. «Or, celle-ci doit être garantie de manière à donner confiance à la communauté internationale», a-t-il insisté.
Le ministre a envisagé de confier cette tâche à des sociétés privées, sans passer par les forces «militaires ou de police d’un État». «Il y a des compagnies spécialisées dans ce domaine avec qui nous et d’autres pays travaillons», a précisé M. Cavusoglu.
La Turquie et le Qatar sont deux pays alliés qui ont pu récemment initier un dialogue avec les talibans. En juin, la Turquie s’était portée candidate pour sécuriser l’aéroport de Kaboul et menait à cette fin des négociations avec Washington, mais c’était avant la prise du pouvoir par les talibans le 15 août. Depuis, Ankara a finalement retiré fin août ses plus de 500 militaires non combattants d’Afghanistan, laissant entendre qu’elle abandonnait cet objectif.
Version originale publiée sur 20min.ch