Open d’Australie: Un an après l’avoir banni, l’Australie fait de Djokovic un héros

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Open d’AustralieUn an après l’avoir banni, l’Australie fait de Djokovic un héros

Le Serbe a connu l’enfermement dans un centre de détention, l’expulsion avec une interdiction de territoire de trois ans. Il est pourtant de retour.

Daniel Visentini
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Daniel Visentini
Dès son arrivée à Adélaïde, où il s’est imposé, Novak Djokovic a été accueilli en héros. Il y a un an, il était haï par les Australiens. Aujourd’hui, tout le monde veut un selfie avec lui…

Dès son arrivée à Adélaïde, où il s’est imposé, Novak Djokovic a été accueilli en héros. Il y a un an, il était haï par les Australiens. Aujourd’hui, tout le monde veut un selfie avec lui…

AFP

Dans cet hôtel pourri dont plus personne ne s’inquiète, il y a toujours des migrants refoulés, parqués, dont tout le monde oublie le sort. Novak Djokovic n’est plus la star du miteux Park Hôtel, le centre de détention est retombé dans l’anonymat des grisailles de Melbourne.

Il y a très exactement un an, tous les projecteurs étaient pourtant braqués sur l’austère façade. «Djoko» était arrivé en No 1 mondial en Australie, bravant les interdits fédéraux, avec une lettre d’invitation du directeur du tournoi et de l’état du Victoria c’est vrai, mais bêtement sans être vacciné contre le Covid, pas même contre la récupération politique. Arrestation, enfermement, expulsion: à tort ou à raison, l’image d’une gabegie qui faisait le tour du monde, des jours durant. Avec une sanction sans appel pour le raccompagner en Serbie: trois ans d’interdiction de territoire.

De zéro à héros

Un an plus tard, Djokovic est pourtant là. Changement de gouvernement, décision politique, le bannissement est oublié. C’est presque en héros que le Serbe a été accueilli en Australie (d’abord à Adélaïde où il a remporté le tournoi, puis à Melbourne désormais). De zéro à héros: le grand écart de Melbourne.

Il y a un an, au moment d’être renvoyé chez lui comme un malpropre, Novak Djokovic représentait selon le jugement de la Cour fédérale «un risque pour la santé et la sécurité de la population australienne, d’une partie de la population australienne et (…) d’une ou plusieurs personnes». Il était l’incarnation du mal, il avait suscité des jours durant la colère du peuple australien qui s’était plié à la vaccination et à tous les confinements les plus stricts.

Tout a changé

Il faut croire que les anathèmes d’hier étaient plus fragiles que prévu. Cette année, le Serbe a aussitôt évoqué son présent, par opposition à son passé d’il y a un an. «Cela fait quelques jours que je suis ici, (…) tout le monde a été très plaisant et extrêmement gentil avec moi», a-t-il relevé.

En Australie, tout a donc changé. Pour lui bien sûr. Mais pour tout le monde aussi. En janvier 2022, tout était codifié, il fallait montrer patte blanche partout: vaccination, masques, obligation de tests, protocole sanitaire. Cette année? Tout cela a été balayé.

Le grand patron du tournoi et du tennis australien, Craig Tiley a annoncé fièrement que les joueurs et joueuses ne seraient pas obligés de faire des tests Covid. Et que, même en cas de test positif (pour ceux qui en feraient), tout le monde pourrait continuer le tournoi! «Comme pour le cricket, il pourrait y avoir des joueurs qui jouent avec le Covid», a reconnu Tiley, prenant l’exemple de Matthew Renshaw. Ce membre de l’équipe australienne avait continué à jouer tout en étant isolé de ses coéquipiers, à l’écart du vestiaire jusqu’à passer un test négatif.

Destinées opposées

Bref, à Melbourne, tout le monde a tourné la page Covid, laissant seulement le contraste des mesures, d’un an à l’autre. Novak Djokovic a déjà dit qu’il n’oublierait jamais ce qui s’est passé pour lui en janvier 2022. La revanche qu’il nourrit, c’est de remporter le tournoi. Là où il s’est déjà imposé neuf fois. Pour rejoindre Nadal et ses 22 titres en Grand Chelem. Tout un programme qui s’ouvre à lui et auquel il était loin de penser il y a un an, enfermé dans sa misérable chambre du Park Hôtel, avant un procès perdu et une expulsion.

Il a retrouvé cette année le luxe de son rang et de ses ambitions. Le centre de détention, lui, est toujours là, avec ses migrants et leur désespoir. Pour eux, rien n’a changé.

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