SuisseLe National souhaite faciliter l’élevage des escargots
La Chambre du peuple a accepté une motion qui veut que les escargots soient considérés comme des animaux de rente afin que les agriculteurs puissent en tirer des revenus annexes.
- par
- Christine Talos
Le Conseil national veut doper l’élevage d’escargots. Il a accepté par 146 voix contre 31 une motion de Bruno Storni (PS/TI) qui voulait que l’héliciculture soit reconnue comme une activité agricole en Suisse. Il faisait remarquer que cette pratique qui, se développe dans le monde (lire encadré), n’est pas reconnue en Suisse parce que les escargots ne sont pas considérés comme des animaux de rente selon la loi sur l’agriculture.
Du coup, impossible d’obtenir un permis de construire pour abriter des gastéropodes en zone agricole. «Les paysans qui voudraient obtenir des revenus annexes via cet élevage ne le peuvent pas, car c’est interdit», explique le Tessinois. Pourtant il existe déjà des fermes en Suisse. «Soit elles ont passé outre la loi, soit elles exercent leur activité sur des terres non agricoles ou privées», répond-il.
Et il critique: «l’agriculture doit se diversifier et développer des revenus alternatifs. La loi va non seulement à l’encontre de cet objectif mais on empêche la production en Suisse d’une denrée dont la consommation représente une tradition culinaire précieuse», ajoute-t-il en rappelant que l’escargot se déguste traditionnellement dans plusieurs régions, en particulier au Tessin.
Et les plus gros mangeurs d’escargots sont…
Selon Bruno Storni, le potentiel de ce marché est considérable. En Italie, le nombre d'élevages a triplé en cinq ans. Le secteur occupe 9000 personnes et son chiffre d'affaires a augmenté de 350 millions d'euros, affirme-t-il. Mais l’Italie n’est pas le principal pays producteur. Elle est loin derrière le Maroc, l’Espagne et l’Indonésie qui produisent à eux trois plus de 60% de la production mondiale selon le site escargot-world.com.
C’est d’ailleurs l’Espagne qui en importe le plus. C’est aussi elle qui en consomme le plus, juste derrière le Maroc justement, et la France qui n’est que troisième. Ces trois pays représentaient 67% de la consommation mondiale. Quant à la Suisse, qui ne tient pas de statistiques officielles sur ce marché, elle importerait ses escargots principalement d’Italie, de Roumanie et d’Indonésie, selon l’élu tessinois.
Le Conseil fédéral plus modéré
Le Conseil fédéral était opposé au texte. Le ministre de l’Economie Guy Parmelin a rappelé que ce sont les dispositions relatives aux animaux de rente non agricoles qui s'appliquent aux escargots. «Mais certaines mesures de la loi sur l'agriculture s'appliquent désormais également aux produits de l'aquaculture et à d'autres organismes vivants comme les escargots», a-t-il rappelé. «Grâce à cette modification, l'élevage de gastéropodes pourra à l'avenir également bénéficier de mesures d'amélioration structurelles, a-t-il affirmé. Insuffisant, donc, selon le Conseil national. Mais le Conseil des Etats doit encore se prononcer.