Jeu vidéo: «Atomic Heart», fume c’est du russe

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Jeu vidéo«Atomic Heart»: fume, c’est du russe!

Indéniablement tape à l’œil, le premier jeu «classique» du studio Mundfish ne nous paraît pas à la hauteur de son ambition.

Jean-Charles Canet
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Jean-Charles Canet

Dans le monde merveilleux du jeu vidéo, lorsqu’on se mesure aux classiques que sont devenus les «Bioshock», en particulier le premier et dans une moindre mesure le troisième, «Infinite», il vaut mieux en avoir dans le ventre et dans la tête. Premier jeu ambitieux du studio de développement russe Mundfish, «Atomic Heart», sorti ce mardi 21 février 2023, commence par faire illusion.

Les vingt premières minutes mettent habilement dans l’ambiance avec une introduction à l’interactivité limitée mais inventive et spectaculaire à souhait. L’action se passe dans une Union Soviétique uchronique: à la fin des années cinquante, l’URSS est devenu leader mondial en matière de polymères et de robotique. Les androïdes sont partout, sur terre, sur l’eau et dans les airs. L’économie semble florissante et la prospérité rejaillit sur les symboles d’un communisme dictatorial ragaillardi. Au vu de ce postulat teinté d’ironie, bien malhonnête serait de coller à ce jeu russe des accents pro Poutine (ce dont certains ne se sont pas privés) du simple fait qu’il sort quelques jours avant l’anniversaire de l’invasion de l’Ukraine.

Robots déréglés

Au même titre que «Bioshock», discourait autour de la philosophie objectiviste, «Atomic Heart» se contente de s’emparer de manière plus convenue du concept de «science sans conscience, ruine de l’âme», tout ça. Parce que, bien évidemment, les robots vont être déréglés par un supposé méchant pas beau qui a son propre agenda. Ils vont devenir très agressifs, les gentils robots, et vont se mettre à tout casser. Et qui pour tenter de remettre de l’ordre dans ce chaos meurtrier? Sergei Nechaev, surnommé P-3, un ex du KGB prêt à exécuter toute basse besogne pour autant  qu’elle ait été ordonnée par un supérieur hiérarchique. Le genre de gars pas subtil, macho et très bas de plafond. Bon, c’est notre avatar, il faut bien l’adopter. Mais on préférait la boîte creuse proposée par «Bioshock» parce qu’on pouvait y mettre ce que l’on voulait dedans.

Une fois les présentations faites et bien faites, le jeu commence vraiment et devient à nos yeux plus conventionnel: explorer une base, suivre un pointeur pour atteindre un objectif, se munir d’une arme, l’améliorer avec tout ce que l’on peut aspirer avec notre main gauche magique (qui s’appelle Charles, on aime bien) et bien sûr faire passer trépasser tous nos adversaires plus ou moins humanoïdes. Quelques heures plus tard, le monde s’ouvre mais les combats s’enchaînent toujours pour permettre de dévider un scénario, disons, inégal. Il y a aussi un côté «je te brosse à rebrousse-poil» dans «Atomic Heart», avec notamment une rencontre avec une IA très clairement nymphomane et un tandem de robotes, garde du corps mais outrageusement lascives.

Montagne russe

C’est à partir de ce moment-là qu’on a oscillé entre l’émerveillement (le design de l’ensemble assurément) et l’agacement (le gameplay inégal) avant que la lassitude ne s’empare de nous. Désolé pour l’image mais c’est bien sur une montagne russe que nous sommes montés. Les bas nous ont donné la nausée, les hauts l’ont fait oublier mais on est tout de même ressorti patraque. C’est pourquoi il ne coûtera pas grand-chose aux abonnés au Game Pass de Microsoft (Xbox et PC), où le jeu est proposé en mode Day one, de vérifier si le menu convient. La décision sera plus difficile à prendre sur PS4/PS5 ou le jeu est vendu plein pot. On conseille de prendre d’autres avis.

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