Iran : Huit morts et 61 blessés après l’incendie d'une prison de Téhéran

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IranHuit morts et 61 blessés après l’incendie d'une prison de Téhéran

Des ONG et des États ont exprimé, dimanche, leurs inquiétudes pour la vie des prisonniers après un incendie à la prison tristement célèbre d’Evine, sur fond d'un mois de protestations en Iran. 

Un camion de pompiers devant la prison d’Evine, le 16 octobre 2022.

Un camion de pompiers devant la prison d’Evine, le 16 octobre 2022. 

AFP

Des coups de feu et le bruit d’explosions ont été entendus durant l’incendie samedi soir dans le vaste complexe d'Evine, au nord de Téhéran, d’où une grosse fumée s’est dégagée, selon des images postées sur les réseaux sociaux. Huit détenus sont morts «en raison de l’inhalation de fumée» et 61 autres ont été blessés au sein de cette prison, a déclaré dimanche, le site Internet de l’Autorité judiciaire iranienne, qui précise que quatre des blessés se trouvaient dans un «état grave».

Le feu, maîtrisé selon les autorités, s’est produit alors que les manifestations contre le pouvoir déclenchées par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, sont entrées dans leur cinquième semaine malgré la répression qui a fait plus de 100 morts en Iran selon des ONG. 

Tristement célèbre

La prison d’Evine, où sont notamment détenus des étrangers, est connue pour ses mauvais traitements des prisonniers politiques. Des centaines des personnes arrêtées lors des protestations contre la mort de Mahsa Amini auraient été envoyées dans cette prison.

À Téhéran, les autorités ont évoqué «des affrontements» à la prison et accusé des «voyous d’avoir incendié un entrepôt de vêtements», a indiqué l’agence officielle Irna en faisant état de huit blessés. Les troubles à la prison «n’ont rien à voir» avec les manifestations dans le pays, selon elle. Mizan Online, le site du pouvoir judiciaire en Iran, a affirmé dimanche que «la situation est revenue à la normale à Evine» et que «les prisonniers ont appelé leurs familles samedi soir.»

Inquiétudes d'ONG

«La vie de chaque prisonnier politique et de droit commun à Evine est menacée», a cependant déclaré l’ONG Iran Human Rights (IHR) basée à Oslo, en affirmant que les autorités avaient fermé les routes menant à la prison afin d’empêcher des manifestants de s’y rendre.

Mais certains s’y sont rendus à pied et des chants de «Mort au dictateur» – l’un des principaux slogans de la contestation – ont été entendus dans des vidéos partagées par le média en ligne 1500tasvir.

«Des prisonniers, y compris des détenus politiques, sont complètement sans défense» à Evine, a déclaré Hadi Ghaemi, directeur du Centre pour les droits de l’Homme en Iran (CHRI) basé à New York. L’ONG pour la défense de la liberté d’expression Article 19 a souligné être «extrêmement inquiète pour la sécurité des prisonniers.»

L’universitaire franco-iranienne Fariba Adelkhah et l’Américain Siamak Namazi sont notamment détenus à Evine. Le groupe de soutien de Fariba Adelkhah a affirmé avoir eu des nouvelles «rassurantes» sur elle. L’avocat américain de Siamak Namazi a déclaré que ce dernier avait parlé à sa famille et qu’il avait «été transféré dans une zone sécurisée de la prison». 

«Morte d'inquiétude»

L’universitaire australienne Kylie Moore-Gilbert, qui a été détenue à Evine, a déclaré avoir appris des proches des prisonnières politiques qu’elles étaient «toutes en sécurité». La sœur d’un citoyen américain détenu à Evine, l’homme d’affaires Emad Shargi, a tweeté elle que sa famille était «morte d’inquiétude». 

«L'Iran est pleinement responsable»

«L’Iran est pleinement responsable de la sûreté de nos citoyens détenus à tort, qui doivent être libérés immédiatement», ont averti les États-Unis. Selon des ONG, des manifestations ont eu lieu dans la nuit en solidarité avec les détenus d’Evine, après une journée de protestations contre la mort de Mahsa Amini sous le slogan «Le début de la fin!» du pouvoir. 

Port du voile contesté

La jeune femme est décédée trois jours après son arrestation pour avoir, selon la police des mœurs à Téhéran, enfreint le strict code vestimentaire de la République islamique qui prévoit surtout le port du voile. Depuis, les Iraniennes, fer de lance des manifestations, ont crié des slogans antigouvernementaux, enlevé leur foulard et tenu tête aux forces de sécurité. 

«Déguerpissez!»

«Les mollahs doivent déguerpir!», ont scandé samedi des femmes sans voile au Collège technique et professionnel Shariati de Téhéran, selon une vidéo en ligne. Des jeunes ont manifesté dans les universités de Téhéran, d’Ispahan (sud) et de Kermanshah (nord-ouest), selon des images partagées en ligne.

Au moins 108 morts

«Des écolières à Marivan (ouest) ont provoqué des feux dans la rue», a indiqué Hengaw, un groupe de défense des droits des Kurdes d’Iran basé en Norvège. Au moins 108 personnes ont été tuées dans la répression depuis le 16 septembre, d’après l’IHR. Les manifestations en Iran sont les plus importantes depuis celles de 2019 contre la hausse du prix de l’essence dans ce pays riche en pétrole.

(AFP)

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