Liberté de la presseHong Kong refuse un visa à la correspondante de The Economist
L’australienne Sue-Lin Wong est la troisième journaliste étrangère à être chassée de Hong Kong depuis 2018.
La correspondante à Hong Kong de The Economist, Sue-Lin Wong, s’est vue refuser sans explication le renouvellement de son visa par les autorités locales, a annoncé vendredi le magazine britannique.
De nationalité australienne, Sue-Lin Wong est au moins la troisième journaliste étrangère à être chassée ces dernières années de Hong Kong, ancien havre de liberté pour les médias, mais où les autorités mènent une sévère reprise en main depuis les grandes manifestations pro-démocratie de 2019.
«Les autorités d’immigration de Hong Kong ont refusé de renouveler le visa de travail de notre correspondante, Sue-Lin Wong. Nous déplorons leur décision, qui a été communiquée sans explication», a indiqué dans un communiqué la rédactrice en chef de l’hebdomadaire, Zanny Minton Beddoes. La reporter se trouve actuellement hors de Hong Kong, a-t-elle précisé.
«Nous sommes fiers du journalisme de Sue-Lin. Nous exhortons le gouvernement de Hong Kong à maintenir l’accès pour la presse étrangère», a ajouté Zanny Minton Beddoes. Les tensions entre la Chine, l’Australie et le Royaume-Uni ont augmenté ces dernières années, en raison de différends commerciaux mais aussi du soutien affiché par Canberra et Londres au mouvement pro-démocratie à Hong Kong. L’Australie et le Royaume-Uni facilitent notamment l’immigration des Hongkongais qui souhaitent quitter la ville.
Avant Sue-Lin Wong, le correspondant du New York Times à Hong Kong, Chris Buckley, s’était vu refuser le renouvellement de son visa l’an dernier. Le journaliste du Financial Times Victor Mallet avait connu la même mésaventure en 2018. Depuis des décennies, Hong Kong est le centre régional de nombreux médias étrangers qui couvrent l’actualité en Asie. La Loi fondamentale, la mini-constitution hongkongaise en vigueur depuis la rétrocession en 1997, y garantit en principe la liberté d’expression.
Mais une loi draconienne sur la «sécurité nationale», imposée par Pékin en juin 2020, a fait naître un climat de crainte pour la liberté de la presse dans le territoire. Le quotidien pro-démocratie le plus populaire de la ville, Apple Daily, a fermé en juin après le gel de ses actifs et l’incarcération de ses dirigeants pour «collusion avec des forces étrangères mettant en danger la sécurité nationale».
L’AFP, CNN, le Wall Street Journal et Bloomberg font partie des médias étrangers ayant leur siège régional à Hong Kong. Le New York Times a déménagé une partie du sien à Séoul après le refus du visa à son correspondant.