JuraElle avait 7 ans quand deux frères ont abusé d’elle
Des peines de sept ans de prison ont sanctionné deux abuseurs en première instance. Jugements confirmés en appel.
- par
- Vincent Donzé
«Cela s’est terminé quand j’avais douze ans», a déclaré jeudi dernier devant un juge la victime de deux abuseurs. «Cela», ce sont des viols répétés qui ont valu sept ans de prison à deux frères condamnés en première instance. Des peines entérinées hier par la Cour pénale pour des actes d’ordre sexuel qui ont commencé quand la fillette avait 7 ans: les deux frères lui passaient des dessins animés pour qu’elle se tienne tranquille.
Les faits se sont produits entre 2011 et 2015. La première fois que la victime en a parlé, la famille de sa mère a rigolé. Harcelée, insultée et frappée à l’école, placée dans un foyer lausannois. elle a attiré l’attention d’une éducatrice par ses scarifications. C’est là qu’elle a raconté les abus commis par les deux frères, d’abord séparément sans que l’autre soit au courant, puis simultanément.
Jeunes et cons
Pour leur défense, les deux frères ont brouillé les dates pour passer pour des mineurs au moment des faits. «On était jeunes et cons, je suis profondément désolé», avait indiqué en première instance l’aîné, désormais papa d’une petite fille à qui il ne voudrait pas «que ça lui arrive».
Ce qui n’a pas plus au juge, c’est leur volonté commune de discréditer la victime en la présentant comme «une mauvaise fille qui fait tout le temps des conneries», selon les propos de la procureure Laurie Roth, citée par «Le Quotidien Jurassien».
Salir les victimes
La victime était-elle une aguicheuse «ouverte à toutes sortes d’expériences» qui aurait eu des relations sexuelles avec son oncle, qui a à peu près son âge, comme l’a affirmé une avocate en première instance? «Je suis toujours exaspérée lorsqu’on veut salir les victimes», a balayé la procureure, en rappelant qu’«on ne juge pas ici le comportement de la victime».
À la question de savoir quelles conséquences de multiples viols peuvent-ils avoir sur une jeune fille, un prévenu a répondu: «Je ne sais pas». Le juge Pascal Chappuis a précisé sa pensée: «Vous pensez juste que cela ne se fait pas, comme de cracher par terre ou d’insulter les gens?».
Destructeurs d’enfance
L’opinion de la procureure était faite: «Ce sont des destructeurs d’enfance» qui ont «exploité sa faiblesse» et «détruit son estime de soi». Les viols ont cessé lorsque la victime a déménagé, avec en tête des sentiments de honte, de crainte et de révolte.
La victime a suspendu un apprentissage dans les soins en apprenant que le procès allait en appel. Devant la Cour, elle est apparue physiquement fermée, avec des difficultés à communiquer et à gérer ses émotions. «Je prends des médicaments pour calmer mes angoisses, car c’est trop dur», a expliqué la victime devenue majeure.
Échange de messages
Selon la radio «RFJ», le juge Pascal Chappuis a estimé que les déclarations de la plaignante étaient crédibles, cohérentes, honnêtes, constantes et confirmées par des éléments de preuve, notamment un échange de messages sur WhatsApp qualifié d’accablants pour les prévenus.
Pour la Cour pénale, les coupables n’ont pas seulement menti: ils ont dénigré la victime et sont dans un déni complet. Les deux frères ont profité des liens de voisinage et d’amitié entre leur famille et celle de la plaignante pour l’amadouer avec la manière douce, sans violence, en trouvant les mots pour la faire céder.
Propre volonté
Selon la Cour, les deux frères ont exploité sa vulnérabilité. À sept ans, la victime ne pouvait pas formuler sa propre volonté sur des actes d’ordre sexuels, ce qui équivaut à une incapacité de discernement.
«Vous êtes malades, malades, malades, mais vous allez payer. La Suisse, c’est de la m…», a lancé le père des condamnés en quittant la salle, selon «Le Quotidien Jurassien». Cet homme a ensuite exprimé sa colère en portugais dans la cour du château de Porrentruy, tandis que la victime et sa famille sortaient par une petite porte, à l’autre bout du bâtiment.