SupportersÀ Genève, c’est la guerre entre ultras du foot et du hockey
Les ultras du Servette FC ont mené une opération coup de poing contre ceux du Genève-Servette HC. Explications ici.
- par
- Daniel Visentini
Samedi dernier, après la large victoire de Genève-Servette HC sur Kloten, de graves débordements ont transformé l’après-match en scène chaotique. Bagarres, intervention de la police, spray au poivre pour séparer les belligérants, le tout au milieu de spectateurs qui quittaient la patinoire ou qui savouraient la victoire au restaurant Prime’s. Pas beau. À l’origine de tout ça? Une guerre larvée entre les ultras du Servette FC, la Section Grenat (SG), et ceux du Genève-Servette HC, les Irréductibles Grenat (IG). La Tribune de Genève l’a évoqué sur son site hier soir. On y revient ici.
À l’origine de cette guerre entre supporters grenat, il y a des tensions qui se sont accumulées depuis longtemps déjà. Il fut un temps où les ultras des deux clubs vivaient ensemble leur passion commune pour la couleur grenat. Ceux du hockey pouvaient être présents dans la tribune du kop de ceux du foot et inversement. Ce n’est plus le cas. La SG interdit depuis un moment les IG dans leur périmètre, au Stade de Genève, et les IG en font de même aux Vernets. Pourquoi?
Selon nos différentes sources, les inimitiés ont grandi ces dernières années. Avec certains sympathisants de la SG qui auraient migré vers les IG, sur fond de désaccords internes. Une première rupture. Une rupture, c’est également ce qui marque la fin de l’«amitié» entre les ultras de Servette et ceux du FC Sochaux-Montbéliard, il y a plus de dix ans, et cela a toute son importance.
Des provocations, un affront
Selon nos informations, si les choses se sont drastiquement envenimées samedi passé, c’est aussi parce qu’un membre des IG aurait déployé un drapeau genevois lors d’un match à Sochaux en fin de saison passée. Cela a été pris comme un affront par la SG, qui avait rompu les liens avec leurs homologues sochaliens.
On peut bien sûr s’interroger sur la futilité de la chose, mais il y a ici un point d’orgue de cette guerre larvée, faite de provocations régulières entre les clans du hockey et du foot: guerre de stickage (des autocollants apposés et recouverts par le clan adverse), graff de la SG détourné et moqué, ou même confidences intimes qui nourrissent le conflit. Deux groupes qui se cherchent et se provoquent.
Les codes du mouvement
Sans être obligé de comprendre, on peut essayer d’expliquer. Il y a là des codes dans le mouvement ultra, auxquels chaque groupe se plie. Par exemple: la bâche. La bâche, c’est l’étendard du groupe, aux couleurs du club supporté. Elle est déployée lors de chaque match, elle est protégée comme de l’or. Parce que si quelqu’un (un groupe d’ultras adverses par exemple) arrive à s’en emparer, le groupe qui a perdu sa bâche est obligé de se dissoudre. C’est la loi du mouvement ultra. C’est pour cela que celui qui porte la bâche avant et après les matches est toujours protégé et qu’il est choisi pour ses aptitudes à courir vite, le cas échéant, pour s’échapper et sauver le précieux bien.
Tout est affaire de codes. Les ultras chantent par exemple durant tout le match. Ils créent également des tifos (des déploiements de banderoles ou des créations artistiques). Ils animent une enceinte, ils la font vivre. La part sombre, c’est la violence, celle qui a éclaté samedi dernier. C’est cela qui est intolérable, bien sûr. Un code de l’honneur, pourquoi pas. Mais des opérations coup de poing, non.
Didier Fischer consterné
Didier Fischer, le président de la Fondation 1890 qui est propriétaire du Servette FC et du Genève-Servette HC, a eu une réaction forte après les événements qui ont opposé les ultras de «ses» deux clubs. «Comment deux groupes qui roulent pour la même couleur grenat peuvent en arriver là, s’est-il offusqué. C’est inacceptable et intolérable. Les raisons sont insignifiantes, on marche sur la tête. Je suis prêt à tout. Je ne veux plus jamais voir ça. Si cela devait se répéter, il ne faudra pas lésiner sur les actions entreprises. Je veux des engagements forts de la part des deux camps.»
La guerre entre les ultras grenat va-t-elle s’éteindre? Il le faut. Les deux clubs genevois ne méritent pas cette publicité-là.